ASIE/MYANMAR - Evêque, prêtres et consacrées concrètement solidaires de jeunes manifestants face à la police

mardi, 9 mars 2021 vie humaine   dignité humaine   droits fondamentaux   paix   violence   politique   militaires   jeunes  

Le Père Celso ba Swe face à la police

Myitkyina (Agence Fides) - « Nous demandons de ne pas tuer. C'est pour cela que nous nous sommes adressées aux militaires. Nous craignons que les agents de police tuent les jeunes manifestants. Notre présence de personnes de foi, d'opératrices de paix, peut aider à les faire désister. C'est la raison de notre présence ici, dans la rue ». C'est ce que disent des religieuses catholiques de la ville de Myitkyina, capitale de l'Etat Kachin, où ces derniers jours s'est vérifiée la répression de la police à l'encontre de jeunes manifestants qui se sont réfugiés dans le complexe de la Cathédrale (voir Fides 08/03/2021).
Hier, 8 mars, deux jeunes ont été tués et 7 autres blessés par la police qui a encerclé la Cathédrale procédant durant la nuit à 91 arrestations, ainsi que l'indiquent des sources locales de Fides. Les religieuses et l'Evêque émérite du lieu, S.Exc. Mgr Francis Daw Tang, sont descendus dans la rue pour tenter de calmer les esprits et pour persuader les agents de police de ne pas avoir recours à la violence à l'encontre des jeunes désarmés.
Selon les sources de Fides, la junte militaire aurait pris des mesures répressives encore plus sévères dans les rues alors que différentes moyens de communication de masse ont été rendus indisponibles et que certains craignent que, d'un moment à l'autre, le junte proclame un couvre-feu rigide afin de bloquer toute forme de protestation.
A Myitkyina, l'intervention de religieux catholiques semble avoir évité un massacre mais la mort des deux jeunes manifestants a créé consternation, douleur et amertume. Malgré la violence en cours, devant la Cathédrale Saint Colomban, des fidèles catholiques et des personnes appartenant à diverses communautés religieuses se sont rassemblées en silence, veillant et priant pour les deux jeunes et pour leurs familles. Parmi eux, se trouvait l'Evêque émérite de Myitkyina, S.Exc. Mgr Francis Daw Tang, qui a déclaré à Fides : « Je suis retraité mais la charité ne part pas en retraite. En ce moment difficile pour notre pays, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à offrir notre contribution de paix, de miséricorde et de pardon ».
Les chrétiens au Myanmar vivent actuellement leur Carême en un temps de tension et d'instabilité, avec foi et dans un mouvement de prière qui devient action de charité. Sœur Ann Nu Tawng, la religieuse devenue « icône de paix » pour avoir bloqué ces jours derniers, en s'agenouillant devant eux, les militaires qui avançaient, a réitéré son appel éploré et un certain nombre de militaires bouddhistes se sont agenouillés à ses côtés, montrant du respect vis-à-vis de sa présence et de ses paroles d'humilité et de compassion. La religieuse a déclaré à Fides : « Nous prêchons et témoignons le choix de la non-violence évangélique. Notre mission consiste à annoncer et à vivre jusqu'au bout l'amour du Christ, y compris envers nos adversaires ».
Comme l'a appris l'Agence Fides, à Loikaw, la capitale de l'Etat de Kayah, lequel compte une population à 90% chrétienne, des centaines de jeunes manifestants ont également marché en ce 9 mars dans la rue qui mène à la Cathédrale du Christ Roi. Les forces de police ont bloqué la chaussée envahie par les manifestants, se préparant à l'affrontement. A ce moment-là, l'Administrateur diocésain de Loikaw, le Père Celso Ba Shwe, qui gouverne la circonscription vacante depuis la mort récente de l'Evêque, et un pasteur protestant se sont interposés entre les deux fronts pour éviter l'affrontement. Ils ont imploré les agents de police de suspendre leur avancée et de ne pas ouvrir le feu contre les manifestants. « Nous les convaincrons à retourner chez eux. Donnez-nous un peu de temps. Nous ne voulons pas que le sang irrigue notre terre » a supplié le Père Celso Ba Shwe, pour prévenir la violence. Sa tentative de médiation éploré a eu pour effet que les militaires ont procédé à des tirs d'avertissement et lancé des grenades assourdissantes pour disperser la foule sans faire de victimes.
« Chaque vie est précieuse. C'est ce que nous voulons dire aujourd’hui au travers de notre action qui n'est inspirée que par la foi » a déclaré à Fides le Père Celso Ba Shwe. (PA) (Agence Fides 09/03/2021)


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