ASIE/KIRGHIZSTAN - Elections et référendum constitutionnel, un pays en direction d'un régime présidentiel

lundi, 11 janvier 2021 politique   elections  

Bishkek (Agence Fides) - « Cela ne surprend pas que Sadyr Japarov ait remporté avec près de 80% des suffrages, les élections présidentielles kirghizes. Ce qui est significatif en revanche est le fait qu'hier, se soit également tenu le référendum constitutionnel qui demandait aux électeurs s'ils préféraient continuer avec un système politique parlementaire ou passer à un système présidentiel. Les résultats préliminaires indiquent qu'une nette majorité s'est dégagée en faveur du second. Le cadre du Kirghizstan ne semble par suite par des plus roses. Le pays a un président controversé qui, jusqu'à quatre mois en arrière, était incarcéré et qui a été accusé de liens, plus ou moins explicites, avec des organisations criminelles locales. A cela s'ajoute une évolution vers un système présidentiel qui ne représente pas en soi un problème mais pourrait déboucher sur des attitudes autoritaires dans le contexte actuel du pays. Cela ne constituerait certes pas une nouveauté en Asie centrale, région où existent déjà des régimes autoritaires. Cependant, il est frappant que cela arrive au Kirghizstan qui a toujours été considéré comme l'Etat phare de la démocratie dans cette zone géographique ». Telle est l'analyse de Davide Cancarini, chercheur et expert de politique d'Asie centrale qui commente dans un entretien accordé à l'Agence Fides les élections présidentielles et le référendum constitutionnel d'hier, 11 janvier, au Kirghizstan.
Le nouveau tour électoral s'est rendu nécessaire après le chaos du 4 octobre dernier. Dans les heures qui ont suivi le vote, en effet, les preuves de fraudes avaient fait descendre dans les rues de Bishkek, la capitale du pays, un fort groupe de manifestants, qui demandaient l'annulation des élections dont sortait vainqueur le philo-russe Sooronbay Jeenbekov. Les manifestants avaient occupé des édifices gouvernementaux et libéré des hommes politiques incarcérés dont l'ancien Président Almazbek Atambayev et Sadyr Japarov, par la suite nommé Premier Ministre et Président. Les affrontements avaient fait un mort et 590 blessés selon les données du Ministère de la Santé kirghiz.
La crise s'était résolue seulement 10 jours après les élections au travers de la démission du Premier Ministre Kubatbek Boronov, du Présidenrt du Parlement, Dastanbek Jumabekov, et du Chef de l'Etat en personne, Jeenbekov. La situation en question a porté à une concentration des pouvoirs entre les mains de Sadyr Japarov, nommé en l'espace de quelques heures Premier Ministre et Président par intérim. Japarov avait ensuite démissionné pour pouvoir se porter candidat dans le cadre des nouvelles élections. Selon D. Cancarini, la période qui a précédé le rendez-vous électoral d'hier n'a pas été caractérisé par une instabilité particulière. « Après le chaos post-électoral du 4 octobre, la situation s'est normalisée. Il y a eu une campagne électorale relativement normale. Dans le pays, n'ont été enregistrés ni affrontements ni crises. Cependant l'affluence aux urnes a été vraiment limitée, avec une participation de quelques 33% des ayant-droits. Aux élections de 2017, elle avait été amplement supérieure à 50% ce qui démontre une désaffection très forte des citoyens envers la politique ».
L'un des défis que le gouvernement kirghiz devra relever est celui de la pauvreté. Selon l’Asian Development Bank, 22,4% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. C'est à ces personnes que s'adresse en particulier l'action de la petite communauté catholique, soit environ 1.500 fidèles qui mènent de nombreux projets concernant la charité et l'instruction, se concentrant en particulier sur les jeunes provenant de familles pauvres et du milieu rural. (LF) (Agence Fides 11/01/2021)


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