AFRIQUE/NIGERIA - Avertissement d'un Prélat nigérian sur le risque d'explosion du pays après la libération des élèves enlevés de leur établissement scolaire de Kankara

vendredi, 18 décembre 2020 djihadistes   enlèvements   persécutions  

Abuja (Agence Fides) – Les 344 élèves enlevés de leur établissement d'enseignement secondaire public de Kankara, dans l'Etat de Katsina au nord-ouest du Nigeria, attaqué dans la nuit du 11 au 12 décembre dernier (voir Fides 14/12/2020) ont été libérés. C'est ce qu'ont annoncé les autorités locales, qui nient avoir versé une quelconque rançon. Le groupe djihadiste Boko Haram avait revendiqué l'enlèvement au travers d'un message audiovisuel non vérifiés mais les autorités de l'Etat de Katsina affirment que l'enlèvement de masse a été l’œuvre de groupes criminels locaux.
L'Etat de Katsina est celui dont est originaire le PrésidentBuhari, dont l'administration lutte actuellement pour endiguer l'insécurité diffuse dans des zones du nord et du centre du Nigeria. Au cours de ces dernières années, le conflit décennal entre Boko Haram et l'armée s'était concentré dans le nord-est du pays, impliquant le Cameroun, le Tchad et le Niger voisins. Si les insurgés devaient être impliqués dans l'attaque perpétrée à Kankara, cela pourrait représenter un élargissement des zones menacées par le groupe.
L'insécurité régnant dans le pays, due à l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques, est stigmatisée par Mgr Francis Obiora Ike, Directeur du Catholic Institute of Development, Justice, Peace and Caritas (CIDJAP), dans une déclaration parvenue à l'Agence Fides. « Plus de 100.000 personnes ont été tuées en dix ans dans le cadre de massacres et de meurtres à fond religieux soit le plus grand nombre enregistré de par le monde en ce moment » indique le prélat. « Le Nigeria n'est en guerre avec aucun autre pays et ne l'a jamais été. Toutefois, les régions septentrionales du pays, entre l'organisation terroriste Boko Haram, les bergers fulanis, désormais qualifiés de bandits et un certain nombre de fanatiques religieux musulmans, ont suivi la route des hommes politiques qui, en 2000, ont tenté de miner la démocratie au Nigeria par la force et en opposition avec la Constitution fédérale, adoptant la charia dans 12 Etats de la Fédération ».
Mgr Ike adresse « un appel urgent à la communauté internationale afin qu'elle accorde, avant qu'il ne soit trop tard, son attention au Nigeria, où croissent actuellement l'intolérance ethnique, le terrorisme et le fondamentalisme religieux appuyé par l'Etat. La crise humanitaire et des migrations dérivant d'une éventuelle conflagration du conflit interne seraient trop difficiles à gérer en cas d'affrontement dans les règles. La Conférence épiscopale du Nigeria et l'Association chrétienne du Nigeria, les musulmans modérés, le Saint-Siège et d'autres voix éclairées continuent à demander compréhension réciproque, paix, stabilité et progrès au sein de la plus grande économie africaine et du pays le plus peuplé du continent ».
« Malheureusement, au Nigeria, les chrétiens et de nombreux autres, ressentent le désintérêt de l'Occident vis-à-vis du conflit nigérian, lequel, s'il devait être laissé sans contrôle, pourrait avoir es conséquences catastrophiques » conclut le prélat nigérian. (L.M.) (Agence Fides 18/12/2020)


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