AMERIQUE/PEROU - Destitution du Chef de l'Etat de la part du Parlement et déstabilisation politique du pays

mercredi, 11 novembre 2020 situation sociale   politique   corruption   eglises locales  

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Destitution du Chef de l'Etat de la part du Parlement et déstabilisation politique du pays

Lima (Agence Fides) – L’Archevêque de Lima. S.Exc. Mgr Carlos Castillo, a affirmé qu'a manqué au Congrès « le sens de la mesure » lorsqu'il a destitué le Président Vizcarra, ce qui est « quelque chose de très sérieux ». Ce commentaire de l’Archevêque suit la nouvelle de la destitution du Président Martin Vizcarra de la part du Congrès péruvien au soir du 9 novembre, et ce après que l'ensemble du Parlement l'ait déclaré « moralement incapable » dans le cadre du procès politique ouvert à son encontre pour corruption dans le cadre d'une affaire de présumé pots-de-vins reçus en 2014 alors qu'il était gouverneur. Le Président du Parlement, issu des rang du Parti d'Action populaire (AP), Manuel Merino, opposant du Président destitué, a prêté serment hier, 10 novembre, comme nouveau Président du Pérou devant le Congrès péruvien, dont tous les membres étaient présents.
La destitution du Président, par ailleurs populaire, a été approuvée par 105 voix contre 19 et 4 abstentions, dépassant de loin les 87 voix requises, au terme d'une session plénière aux allures de marathon ayant duré près de huit heures.
Le Président destitué a déclaré à la presse quitter le pouvoir « la tête haute » et a exclu d'entreprendre une action légale pour s'opposer à la décision du Congrès. « Je quitte le palais du gouvernement comme j'y suis entrée voici deux ans et huit mois, à tête haute » a déclaré M. Vizcarra, entouré de ses ministres dans la cour du siège du gouvernement en annonçant qu'il se serait rendu immédiatement dans sa résidence privée.
« Je m'en vais avec une conscience propre et mon devoir accompli » a ajouté le Président destitué qui a joui de niveaux records de popularité au cours de ses 32 mois de gouvernement au point que des réactions populaires comme des marches en sa faveur ont immédiatement eu lieu dans la capitale, Lima, comme dans d'autres villes.
Ce procès de destitution constitue en quelque sorte une redite – mais avec une conclusion différente – d'un précédent dont le Président Vizcarra était sorti indemne, en date du 18 septembre dernier. Le Président Vizcarra a eu un destin similaire à celui de son prédécesseur, Pedro Pablo Kuczysnki (2016-2018), qui n'a pas été en mesure de porter à terme son mandat en ce que contraint à démissionner face aux pressions exercées par le Parlement.
Dans son discours de fin de mandat, le Président Vizcarra, qui a lutté contre la corruption durant l'ensemble de la durée de ses fonctions, a souligné que 68 parlementaires se trouvent impliqués dans des procès en cours, sans que pour cette raison il ait été mis fin à leurs fonctions.
Le commentaire général qui circule est que le seul à perdre dans cette affaire est le pays, dans la mesure où il sort déstabilisé politiquement de cette affaire, avec à sa tête un nouveau Président qui est pratiquement inconnu. (CE) (Agence Fides 11/11/2020)


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