AFRIQUE/TANZANIE - La reconnaissance et la crainte des missionnaires vis-à-vis du Président réélu la semaine passée

mercredi, 11 novembre 2020 missionnaires   justice  

Dar es Salaam (Agence Fides) – Reconnaissance mais aussi crainte : telles sont les réactions des missionnaires lorsqu'ils parlent du nouveau Président tanzanien, John Magufuli, entré en fonctions pour un second mandat la semaine passée. « Au cours de son premier mandat – expliquent à Fides des missionnaires qui demandent à conserver l'anonymat – le Président s'est distingué par son engagement en faveur de la réalisation d'infrastructures. Grâce à l'aide de la Chine populaire, allié historique de la Tanzanie, ont ainsi été construites des routes et des voies ferrées. Les liaisons internes et internationales ont été améliorées. Il n'existe pas de comparaison en la matière avec le passé ».
Le Président Magufuli s'est également beaucoup activé dans le domaine de l'éducation. « A ce propos – poursuivent les missionnaires – nous ne pouvons que faire les éloges s'agissant de l'action du gouvernement. Il a réorganisé le corps enseignant en choisissant les plus qualifiés et en offrant une formation aux moins préparés d'entre eux. Il a en outre insisté afin que tous les jeunes reçoivent au moins une instruction de base. L'action a été capillaire et a intéressé l'ensemble du territoire. Il s'agit d'un progrès très important ».
Un autre élément considéré positivement est la lutte sérieuse entreprise contre la corruption. « Le Président Magufuli – poursuivent ces mêmes missionnaires – a été implacable avec les corrompus et les corrupteurs. Il a adopté des politiques sévères qui ont réduit drastiquement le phénomène dans tout le pays et à tous les niveaux ». Ces investissements ont favorisé l'expansion économique, une croissance qui s'est poursuivie même en 2020, malgré la pandémie de corona virus. Le budget de l'Etat pour 2020-2021 prévoit en effet une croissance de 5,5% du PIB même si la Banque mondiale estime que, bien que devant être positive, elle devrait se situer à 2,5% environ.
Concernant l'action du gouvernement du Président Magufuli planent cependant des ombres peu rassurantes : « Ce qui nous épouvante – poursuivent les missionnaires – est le style selon lequel agit le Président, qui est dur, décidé et parfois dictatorial »q. Selon la Freedom House, une organisation qui contrôle le respect des droits fondamentaux et des valeurs démocratiques de par le monde, « au cours de ces dernières années, les autorités ont intensifié leurs efforts pour limiter les partis d'opposition. En 2016, le gouvernement a interdit toutes les manifestations politiques en dehors de la période électorale, réduisant ainsi drastiquement la capacité des partis à mobiliser le soutien de la population. En janvier 2019, le Chama Cha Mapinduzi (CCM, parti aux affaires depuis 50 ans NDR) a utilisé sa majorité parlementaire pour approuver des amendements à la loi sur les partis politiques, lesquels ont encore érodé les droits des groupes d'opposition ».
Le gouvernement a arrêté différentes personnalités de l'opposition en 2019 et en 2020, poursuivant une campagne de répression. « Quiconque critique le Président – observent les missionnaires – risque d’être arrêté par la police et de finir en prison. Au cours des élections, des hommes politiques d'opposition, des journalistes et des membres d'ONG ont disparu. Les principes démocratiques sont remis en cause. Le Président lui-même a tenté de dépasser la limite des deux mandats pour pouvoir se présenter une troisième fois ».
Outre la répression, ce qui préoccupe également est le caractère paternaliste du gouvernement. « Dans le pays – concluent les missionnaire – on ne parle ni de l'urgence Covid-19 ni des menaces des djihadistes dans les districts méridionaux. Le Président assure que ces dangers sont pris en compte mais il n'existe aucun débat national à cet égard. Les tanzaniens sont contraints à faire confiance et nombre le font, s'en remettant complètement au Président et à ses politiques ». (E:C.) (Agence Fides 11/11/2020)


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