SMA
Rome (Agence Fides) – Après deux années de silence et de solitude, le Père Pierluigi Maccalli avait besoin de se sentir en famille, de se sentir accueilli et écouté. « Il a parlé pendant une heure, sans jamais se lasser – a raconté à l'Agence Fides le Père Antonio Porcellato, Supérieur général de la Société des Missions africaines qui, au cours de ces deux dernières années, a suivi de très près le cas du Père Maccalli, tenant les contact au nom de l'Institut avec l'unité de crise du Ministère des Affaires étrangères italien.
« Le missionnaire est l'homme de la Parole, de l'annonce. Sans une Bible, sans la Parole de Dieu et le Très Saint Sacrement, le Père Maccalli a déclaré avoir appris à écouter le silence, celui du grand désert du Sahara, le silence intérieur. Comme le Prophète Isaïe, il a pu sentir la présence de Dieu dans le silence et la solitude. Il a trouvé ce Dieu qui l'a toujours soutenu ».
Le Père Porcellato a rappelé notamment un épisode du 10 octobre, intervenu avant que le Père Maccalli et les membres de sa famille ne se mettent en route vers Madignano, le village natal. « Avant de quitter Rome, le Père Maccalli a demandé à pouvoir s'arrêter au cimetière de Prima Porta. Là est enterrée une jeune nigérienne de 13 ans, Miriam Dawa, qu'il était parvenu à faire venir en Italie, à l'hôpital du Bambin Gesù pour des soins cardiologiques mais dont la maladie, plus grave que prévue, lui avait été fatale. Sa famille avait accepté qu'elle soit enterrée à Rome. Sur sa tombe, le Père Maccalli a brièvement prié, s'est agenouillé puis a cherché dans la voiture son chapelet de la captivité, fait de chiffons noués. Il a voulu qu'il reste là, accroché à un bras de la croix de la tombe ».
De ces heures passées avec son confrère à peine libéré de ses geôliers, le Père Porcellato n’oubliera jamais « la grande foi du Père Maccalli malgré les doutes. Il a déclaré qu'au début, il s'était un peu mis en colère avec Dieu. Pourquoi avait-Il permis cela ? Dans ce désert, il se sentait abandonné mais savait à chaque fois où le portaient ses ravisseurs. Des doutes également lui sont venus sur le rôle de la Société des Missions africaines : que faisait-elle pour le libérer ? Cependant, il n'a jamais perdu l'espérance, la confiance, le sens de la présence de Dieu qui l'accompagnait partout » déclare le Père Porcellato.
« Ses compagnons de détention s'étaient convertis à l'islam, plus par convenance que par conviction pour bénéficier d'un meilleur traitement. Lui a toujours résisté aux demandes des terroristes. Il est toujours resté serein dans sa foi, indéfectible dans son rapport avec le Seigneur ».
« J'ai aussi été frappé par son appel au pardon, à la fraternité, à l'espérance qu'il soit possible d'arriver à une compréhension avec les djihadistes » poursuit le Père Porcellato. « Il existe d'autres otages demeurés entre les mains des terroristes. Nous devons avoir en nous l'idéal de la fraternité – a insisté le Père Maccalli – et chercher à résoudre nos conflits et nos incompréhensions au travers de la non-violence ».
« Je n'oublierai jamais certains moments et ils resteront toujours imprimés dans mes yeux et dans mon esprit » a déclaré le Supérieur général. (AP) (Agence Fides 14/10/2020)