AFRIQUE/KENYA - Etre missionnaire à Kibera, l'une des périphéries les plus pauvres du monde : récit du Directeur national des Oeuvres pontificales missionnaires

samedi, 26 septembre 2020

Nairobi (Agence Fides) – Des prêtres dans l'une des périphéries les plus pauvres du monde, à savoir le bidonville de Kibera, intégré à la capitale du Kenya, Nairobi. C'est là que le Père Bonaventure Luchidio, Directeur national des Oeuvres pontificales missionnaires du Kenya, a effectué une visite le 24 septembre, en ramenant ce témoignage, envoyé à Fides.
« Je suis arrivé à la Paroisse du Christ Roi où j'ai été accueilli chaleureusement par le Père José Luis Martinez, membre la Société mexicaine de Notre-Dame de Guadalupe pour les Missions étrangères fondée au Mexique. La Congrégation est connue généralement comme celle des Pères de Guadalupe ou Pères mexicains. Le Père Martinez déclare : « Initialement, Kibera faisait partie des Paroisses Notre-Dame de la Guadalupe, d'Adam's Arcade et Saint Michel à Otiende, lesquelles se trouvent toutes à la frontière du bidonville. Chaque Paroisse avait l'habitude de s'occuper de la moitié de la zone du bidonville et les prêtres avaient coutume de le visiter dans le cadre de l'action pastorale, des visites aux malades, de la célébration des sacrements au sein des petites communautés chrétiennes et de faire retour en Paroisse le soir venu ».
Cette disposition n'était pas optimale d'un point de vue pastoral en ce que les prêtres, bien qu'ils aient été bien accueillis dans les villages du bidonville, étaient traités comme des visiteurs qui vont et viennent depuis la commodité des Paroisses sises aux marges du bidonville.
Cette sensation d'être considérés comme des étrangers par les personnes desservies a poussé les prêtres à agir et à venir vivre plus près des personnes, en partageant leurs conditions de vie. Le premier prêtre a loué une baraque pour vivre au cœur des bas-fonds de Kibera. Cette action visant à demeurer avec le troupeau et à le faire paître de l'intérieur plutôt que de l'extérieur a porté de nombreux fruits parce que les prêtres étaient acceptés et embrassés par la communauté tant des catholiques que des non catholiques. Ils ont ainsi été en mesure d'apprendre la langue du bidonville et d'arriver au cœur de ses habitants. Ils ont aussi été en mesure d'accepter la réalité vraie de la vie dans les bas-fonds : les défis relatifs au logement, les difficultés liées à l'accès à l'eau et aux services hygiéniques et sanitaires, le danger de la criminalité et des dépendances. Ils se sont ouverts à Dieu et ont permis à Dieu de leur lancer des défis dans le cadre de l'aventure de l'action missionnaire parmi les pauvres urbanisés.
Cette année, après le début de la pandémie de Covid-19, les églises ont été fermées et les personnes n'ont pas pu participer à la Messe, Nombre des habitants des bidonvilles ont perdu leur source de revenu de subsistance et ne pouvaient par suite pas même se permettre un repas par jour. La Paroisse a par suite institué le « vase de l'amour » où il est possible de déposer des offrandes pour les nécessiteux.
« Les habitants des bidonvilles, dans leur pauvreté, sont extrêmement généreuses et la culture du partage est profondément ancrée en elles » indique le Père José : « La majeure partie d'entre elles est arrivée à Nairobi sans rien et elle s'est retrouvée à Kibera parce que le quartier était à bon marché. Cependant, sans argent ou sans source de revenu, les personnes souffrent de négligence et d'abus. Ensuite, arrive un bon samaritain et il offre à une personne en difficulté une épaule sur laquelle s'appuyer. Lorsque cette personne trouve une source de revenu, elle s'endette pour assister ceux qui se trouvent en difficulté et ceci est la source de leur générosité ».
Alors que j'étais encore là, le Père Martinez m'a ramené à la motivation principale de la journée, en me rappelant que, maintenant, dans le cadre du Mois missionnaire d'octobre, les personnes prieront le chapelet missionnaire et visiteront les pauvres, les malades et les personnes vulnérables. Le Père Martinez s'adresse à moi et demande : « Père Luchidio, combien il serait beau que vous veniez célébrer pour nous la Messe du 18 octobre pour la Journée missionnaire mondiale ». Je suis resté abasourdi. Comment dire non à une telle invitation. Nous avions concordé avec le Cardinal une Messe à la Basilique mais mon cœur, mon cœur missionnaire est à Kibera ». (B.L.) (L.M.) (Agence Fides 26/09/2020)


Partager: