ASIE/INDONESIE - Réserves de la société civile sur l'éventuelle transformation de l'idéologie du Pancasila en loi de l'Etat

Yoyakarta (Agence Fides) - « Je pense que tout effort visant à renforcer le Pancasila et à promouvoir l'idéologie de l'Etat doit être soutenu. Cependant, à la lumière des actuelles réactions de la part de la société, je crains que toute transformation en loi de l'actuelle proposition provoquerait des tensions en Indonésie. Il faut considérer les stimuli extérieurs et les répercussions avant toute élaboration ultérieure ou une éventuelle promulgation de la loi ». C'est ce qu'affirme le Père Baskara T. Waraya SI, enseignant d'histoire à la Sanata Dharma University, Université catholique de Yogyakarta, en commentant pour l'Agence Fides le projet de loi qui, ces jours derniers, a été au centre d'un vif débat, suscité par une proposition de loi visant à réglementer les valeurs de l'idéologie du Pancasila et les fonctions de l'Agence de contrôle (BPIP), présidée par l'ancien Président, Megawati Sukarnoputri.
Actuellement, le Pancasila ou charte des cinq principes, à la base de la nation devrait faire l'objet d'une réforme qui, en la transformant en loi de l'Etat, vise à la renforcer. Certains secteurs du monde musulman l'ont contestée, affirmant que le projet aplatit le rôle de la religion et que l'absence du fameux décret de 1966 – qui interdisait le parti communiste – constituerait « une porte ouverte au communisme ». Les partisans de la réforme indiquent que la loi mettrait en difficulté les petits groupes extrémistes – de droite ou de gauche, religieux ou laïcs – qui s'opposent au développement de la démocratie en Indonésie. Entre temps, des organisations de protection des droits fondamentaux ont elles aussi exprimé des réserves. Elles craignent en effet une restriction de la liberté d'expression. A la fin, la discussion devant le Parlement a été reportée et pour l'heure le projet semble congelé. « J'estime – indique le prêtre – que le Parlement n'a pas effectué les approfondissements et discussions nécessaires sur le projet pas plus qu'il n'y a eu un débat public suffisant, sauf peut-être dans certains milieux et peut-être aussi à cause du corona virus. A cause de la pandémie, les délais n'ont pas été choisis avec soin, ni par le gouvernement, ni par les personnes qui sont désormais préoccupées surtout par l'impact économique et social du virus ».
Le Pancasila, charte des cinq principes, base philosophique et idéologique de l'Indonésie, a été célébrée dans tout le pays le 1er juin par l'ensemble des réalités politiques et religieuses. Près la Sanata Dharma, unique Université jésuite des Universités catholiques, une performance artistique d'une durée de 120 mn a été filmée – vues les restrictions dues au Covid-19 – et mise en ligne sur Youtube où elle a eu plus de 53.000 visiteurs. Il s'agit de l'un des nombreux signaux que le monde catholique indonésien a fourni dans le cadre de l'anniversaire de la naissance du Pancasila, en 1945. Le Père Gregorius Subanar SI, enseignant de Culture et Religion au sein de la même Université, rappelle que la Sanata Dharma, « constituée en 1955, dix ans après l'indépendance, reçut la visite de Sukarno, concepteur du Pancasila, en 1961, à la veille du Concile Vatican II ». (MG-PA) (Agence Fides 25/06/2020)

Partager:

politique

---

---

société civile

---

---

corona virus

---

---

droits fondamentaux

---

---

minorités religieuses

---

---

liberté de conscience

---

---