ASIE - Les migrants et la menace représentée par le Covid-19

Bangkok (Agence Fides) – La souffrance des migrants qui, outre l’éloignement de leurs familles, doivent souvent compter avec l’exploitation de leur main-d’œuvre, s’est multipliée dans l’ensemble de l’Asie orientale, au sud comme au nord, au cours de la pandémie de corona virus et paradoxalement surtout dans les pays les plus avancés, comme Singapour, la Malaisie, la Thaïlande et la Corée du Sud.
La Malaisie et Singapour se sont distinguées pour avoir dans un premier temps ignoré le problème pour ensuite concentrer les migrants dans des structures qui ont favorisé les contaminations. La ville-Etat, qui emploie près d'un million et demi d'immigrés, en a confiné quelques 30.000 dans une quarantaine de dortoirs à raison de 20 à 30 par pièce. En avril, le nombre des cas positifs au Covid.19 était de 25.000.
Au début du mois de mai, la Malaisie a mis de son coté de nombreux migrants en prison au travers de violentes opérations de police et en faisant pression sur les journalistes qui faisaient mention de cette affaire. Les migrants en question sont quelques 5,5 millions dont plus de la moitié est en situation irrégulière.
La Thaïlande s'est elle aussi distinguée par un traitement plutôt dur réservé à des milliers de travailleurs clandestins, confinés dans des centres ad hoc dès la découverte de leur statut irrégulier. Les centres en question, construits pour accueillir jusqu'à 500 personnes, en logent actuellement plus du double. Parmi eux se trouvent des rohingyas, des clandestins provenant des pays limitrophes et un important groupe de chrétiens pakistanais ayant fui leur pays à cause de la violence ou de la discrimination.
En Corée du Sud, le gouvernement s'est préoccupé de rechercher et de tracer les immigrés en situation irrégulière, faisant état de leurs conditions de vie dans des lieux surpeuplés et privés d'hygiène, lieux privilégiés comme foyers du Covid-19. Cependant, de nombreux immigrés en situation irrégulière ne se présentent pas, par crainte d'être expulsés. Selon le Premier Ministre, Chung Sye-kyun, les quelques 380.000 irréguliers qui résident dans le pays devraient recevoir assistance et soins médicaux malgré leur statut et sans risque d'expulsion. « Si nous les étiquetons comme immigrés illégaux et que nous les réprimons, ils se cacheront, ce qui pourrait porter à une impasse » a-t-il déclaré, ajoutant que les mesures pensées pour eux devraient être conçues dans la perspective d'une quarantaine plutôt que centrées sur le contrôle de l'immigration.
Dans les pays moins développés, un autre problème concerne en revanche le retour chez eux des immigrés asiatiques et la condition des évacués. Le Programme alimentaire mondial de l'ONU fournit nourriture et assistance financière aux personnes touchées par des conflits, des violences et des catastrophes naturelles et a actuellement comme objectif, au seul Myanmar 245.000 évacués et personnes concernées par les conflits sur le territoire des Etats de Chin, Kachin, Shan et Rakhine. Le PAM soutient également de nombreux migrants choisissant de rapatrier soit quelques 3 millions de personnes présentes surtout en Asie qui se trouvent désormais pour une part sur le chemin de leur lieu d'origine.
Au Vietnam, se pose le problème des personnes se déplaçant sur le territoire national. Dans les grandes villes comme Ho Chi Minh ville, les personnes s'amassent après être restées sans emploi dans leurs villages, à la recherche de travaux occasionnels, souvent sous-payés. Un sondage réalisé par le Ministère du travail montre que la majorité d'entre eux a un âge compris entre 18 et 35 ans et que six sur dix sont des femmes. L'enquête a révélé que 65% des travailleurs sont des personnels non qualifiés travaillant de manière occasionnelle et dans des environnements dangereux. Nombre de ces personnes, dont la situation rappelle celle de l'exode rural européen, ne disposent pas d'un contrat de travail légal et par suite d'une forme quelconque de couverture sociale ou sanitaire. (MG-PA) (Agence Fides 09/06/2020)

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