ASIE/KAZAKHSTAN - Promotion de la coexistence et maintien de la politique locale envers les religions

vendredi, 24 avril 2020 liberté religieuse   minorités religieuses   droits fondamentaux   dialogue   islam   politique  

Astana (Agence Fides) – Près d'un an après la démission du Président Nursultan Nazerbayev, qui dirigeait le pays depuis l'effondrement de l'URSS, en faisant de la liberté de culte un de ses motifs de fierté, il ne semble pas que le Kazakhstan ait connu de grands changements en matière de politique envers les religions. C'est ce qu'indique à l'Agence Fides Davide Cancarini, chercheur indépendant spécialisé sur les problématiques de l'Asie centrale. « Les rapports religieux à l'intérieur du pays – indique-t-il – sont bons. Le nouveau Chef de l'Etat, Kassym-Jomart Tokayev, prête beaucoup d'attention à ne pas se montrer partial, en rencontrant les représentants des différentes fois ou en tenant des discours dans lesquels il soutient la liberté de culte et la promotion de la coexistence pacifique entre les différentes religions ».
La liberté de culte, garantie sous N. Nazarbayev, et qui perdure sous son successeur, trouve sa raison d'être dans la politique attentive de contrôle des religions promue au Kazakhstan, pays à grande majorité islamique, politique qui tend à réprimer l'éventuel avènement ou la subsistance active de groupes radicaux islamiques violents. Dans ce but, le gouvernement établit au cours de l'année des moments de rencontre entre les divers responsables religieux, favorisant ainsi un dialogue oecuménique et interreligieux plutôt formel.
Dans ce contexte, selon Davide Cancarini, une question difficile actuellement pourrait être représentée par le traitement réservé au Ouighours – population musulmane – du Xinjiang de la part de la Chine communiste. « La répression a concerné au cours de ces derniers mois également des citoyens d'ethnie kazakhe, déchaînant des protestations dans le pays d'Asie centrale. La question pourrait devenir difficile à gérer au plan politique et diplomatique ».
Globalement, indique le chercheur, la première année au pouvoir du nouveau Président Tokayev n'a pas été simple. « La démission de N. Nazerbayev a créé de grandes attentes d'ouvertures dans de larges strates de la population et les élections de juin dernier, qui ont officiellement légitimé le nouveau Chef de l'Etat, se sont déroulées dans un climat de protestations généralisées. Ces dernières ont continué, de manière plus atténuée, durant toute l'année, notamment sur la base de la demande de l'introduction de réformes démocratiques ». Pour tenter de répondre aux espoirs suscités au sein de la population par la démission de N. Nazerbayev, ajoute Davide Cancarini, le Président Tokayev a tenu une attitude conciliante, au moins au plan verbal, en promettant des ouvertures. « Au plan pratique, il a créé un National Council of Public Trust (NCPT), organe consultatif dont le but est de formuler des recommandations politiques basées sur la contribution des particuliers, des partis politiques et de la société civile. Il a par ailleurs promis une réforme de la loi sur les manifestations qui aurait dû rendre plus simple le fait de manifester, réforme qui a par ailleurs été effectivement approuvée. Si le premier organisme s'est pour l'heure révélé être une coquille presque vide, la seconde a été accueillie a été accueillie avec scepticisme par de nombreux activistes qui n'y ont pas trouvé de nouveautés significatives. Les manifestations tenues à Almaty à la fin février et au début mars se sont achevées sur l'arrestation respectivement de quelques 200 et 80 personnes » rappelle-t-il.
Selon le chercheur, le Président Tokayev a cherché à répondre aux tensions latentes dans le pays y compris sur le plan économique « en présentant pour 2020 un plan national d'augmentation des rétributions du secteur public de l'ordre de 20 à 30% et des pensions de retraite de 7%. La tentative risque cependant de trouver un obstacle insurmontable dans le récent écroulement des prix du pétrole suite à la diffusion du Covid-19. Vue la dépendance du Kazakhstan des entrées liées au secteur énergétique, il est probable que cela prive le Chef de l'Etat de la possibilité d'augmenter la dépense sociale, mettant ainsi sous les réflecteurs la pérennisation du manque d'une politique économique de diversification ».
« Globalement au plan pratique, malgré l'adoption d'une rhétorique conciliatrice, aucun changement significatif n'a été introduit par rapport à la période politique précédente. Si le Kazakhstan devait subir de graves contrecoups économiques de la crise en cours, il ne faut pas exclure que la Présidence Tokayev pourrait devenir encore moins solide » conclut Davide Cancarini. (LF-PA) (Agence Fides 24/04/2020)


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