AFRIQUE/SOUDAN DU SUD - Appel d’un missionnaire en faveur de la garantie d’aides humanitaires à la population en cette époque de pandémie

samedi, 4 avril 2020 corona virus   solidarité   aides humanitaires   instituts missionnaires   missionnaires  

Fides

Soudan du Sud

Juba (Agence Fides) – « Fermer les frontières au Soudan du Sud signifie condamner à la faim des milliers de personnes : la sécurité alimentaire de la population dépend encore des exportations des pays voisins outre les aides humanitaires. Le gouvernement a demandé pour ce motif à l’Ouganda de laisser passer les camions chargés de nourriture et d’essence ». C’est ce qu’indique à l’Agence Fides le Père Christian Carlassare, missionnaire combonien italien vivant à Juba en évoquant les mesures de précaution prises par le jeune Etat africain en réponse à la diffusion de la pandémie de Covid-19. Dans ce cadre, ces derniers jours, le Ministère de la Santé a annoncé la fermeture de tous les autres aéroports présents sur le territoire national avec interdiction des vols internationaux et fermeture des frontières.
Selon les données de l’ONU, quelques 6 millions de personnes soit 60% de la population, ont un besoin urgent d’assistance humanitaire soit une augmentation de 20% par rapport à l’an dernier. « L pays se trouverait dans une situation critique et de désavantage s’il devait affronter une épidémie de ce type » remarque le Père Carlassare. Au mois de février, et au cours des premières semaines de mars, les déplacements avec les Etats limitrophes ont été nombreux. « On craint par suite que le virus puisse se répandre aussi ici, au Soudan du Sud – explique le prêtre – alors que l’espoir est que le climat chaud limiter la diffusion de la contamination mais cela se vérifiera au cours des deux prochaines semaines ».
« Actuellement – indique le religieux – il n’existe pas de données fiables concernant la contamination. Aucun cas n’a encore été confirmé dans le pays. Par précaution, les écoles ont également été fermées pour un mois et les rassemblements, y compris les activités religieuses, ont été interdits. « Avec la suspension des célébrations communautaires – indique le Père Carlassare – il faut trouver d’autres formes de proximité vis-à-vis des personnes et de ceux qui souffrent. Pour le moment, il n’existe pas l’obligation de demeurer isolés chez soi même si le couvre-feu est en vigueur de 18.00 locales à 06.00. De jour, il est donc possible de rendre visite aux familles. Les petites communautés de base peuvent demeurer actives et conserver leurs prières au niveau familial ».
La télévision, Internet et autres réseaux sociaux ne sont pas encore accessibles au plus grand nombre au sein de la population. « La radio – remarque le missionnaire – assure un service important. Chaque Diocèse dispose de sa station qui transmet des programmes qui facilitent la prière en famille et portent une parole de réconfort et d’espérance ».
Même si elles sont importantes, les mesures adoptées semblent insuffisantes pour affronter la réalité complexe d’un pays tel que le Soudan du Sud, martyrisé par la faim, la pauvreté et les maladies. « Le premier défi à relever – affirme le Père Carlassare – consiste dans la possibilité d’intervenir au cas où soient présentes des personnes infectées. La possibilité de réaliser des tests est très limitée et ne concerne que la capitale. Outre à cela, la santé publique n’est pas équipée. Elle ne peut qu’isoler le patient en l’absence d’unités de soins intensifs avec respirateurs et oxygène. Nous, missionnaires comboniens, dirigeons l’hôpital diocésain de Mapuordit où le seul respirateur est celui du bloc opératoire ». Un autre défi est relatif à la prévention. Selon le Père Carlassare, « la pratique de l’isolement et de la quarantaine est très difficile à appliquer dans un pays comme le Soudan du Sud pour de multiples raisons. Tout d’abord, il faut considérer le fait que de nombreuses familles vivent dans des cabanes ou dans des maisons comptant une seul pièce qui est partagée en moyenne par cinq ou six personnes. La vie se déroule presque entièrement en plein air ». Par ailleurs, dans les maisons, à part la farine, bien peu de nourriture est conservée dans les maisons. « Les conditions d’hygiène sur les marchés, composés d’étals souvent sur des places poussiéreuses et pleines de monde, sont très précaires ».
« Le nouveau gouvernement de transition a une responsabilité importante : celle d’affronter cette possible crise sans divisions – indique le missionnaire. Cette épidémie, comme l’a déclaré le Pape François nous a pris tous fragiles et désorientés mais, dans le même temps, nous a rendus importants et nécessaires, ayant tous besoin de nous réconforter les uns les autres, tous appelés à demeurer ensemble puisque nous nous trouvons sur la même barque ». (ES-PA) (Agence Fides 04/04/2020)


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