ASIE/PAKISTAN - Retour dans sa famille d'une jeune chrétienne enlevée

jeudi, 13 février 2020

Lahore (Agence Fides) – Cette histoire, caractérisée par une fin heureuse, demeure un cas isolé. Sneha, 14 ans, jeune fille chrétienne d’une famille habitant dans la colonie de Bahar, à Lahore, avait été enlevé par un musulman et a pu être sauvé et rendue à sa famille. Ainsi que l’a appris l’Agence Fides, Sneha est la plus jeune fille de Sabir Masih. Elle a deux sœurs et un frère aîné. Elle était élève de la Franciscan Girls High School et fréquentait également le soir des cours spéciaux pour se préparer aux examens finaux.
Sneha a affirmé que Zeeshan, un musulman, lui avait demandé avec insistance de faire amitié avec lui alors qu’elle rentrait chez elle. Sneha a constamment refusé cette approche. Au soir du 14 janvier 2020, alors que Sneha rentrait chez elle, Zeeshan l’a contrainte à le suivre de force et l’a fait monter sur un véhicule où six hommes ont commencé à la rouer de coups. Elle a été séquestrée par eux et conduite dans un lieu inconnu où elle a continué à être battue et a été violée à plusieurs reprises. Elle s’est par ailleurs vue demander de signer des feuilles de papier vierges et, face à son refus, ses ravisseurs ont commencé à la torturer. Ces documents comprenaient un certificat de mariage et un certificat de conversion à l’islam. Ses tortionnaires l’ont également menacé de graves conséquences pour elles et pour ses sœurs, auxquelles aurait été réservé le même sort, si elle avait raconté les faits à sa famille.
Le père de Sneha, Sabir Masih, a signalé sa disparition à la police. Après ce signalement, un tribunal de première instance a donné l’ordre à la police de lancer des recherches. Après quelques jours d’enquête, la police a retrouvé Sneha, en date du 19 janvier, et l’a rendue à ses parents mais les ravisseurs, qui l’ont tenu en otage pendant cinq jours, se trouvent encore en liberté et impunis.
Des organisations défendant les droits des chrétiens au Pakistan tels que le Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement (CLAAS) et d’autres ONG, aident actuellement la famille de Sneha, fournissant une assistance légale gratuite. Sabir Masih et sa famille ont, entre temps, reçu des menaces de la part des ravisseurs qui font pression sur la famille afin qu’elle retire sa plainte à leur endroit. La famille de Sabir Masih a été transférée dans un lieu inconnu.
Ainsi que l’indique à Fides Nasir Saeed, Directeur du CLASS, « les cas d’enlèvement de jeunes chrétiennes et hindoues, de conversion forcée et de mariage forcé continuent à se vérifier dans l’impunité. Il s’agit d’une alarme sociale. Des épisodes de ce genre sont fréquents au Pakistan et ont également été signalés par les moyens de communication nationaux et internationaux sans que pour autant le gouvernement pakistanais ne parvienne à agir pour bloquer l’enlèvement de mineures chrétiennes et hindoues ».
Récemment, le Conseil de l’idéologie islamique a stigmatisé et qualifié la conversion forcée de « non islamique ». En juillet dernier, le Premier Ministre, Imran Khan, a affirmé, en condamnant cette pratique, qu’il n’existe « aucun précédent dans l’histoire islamique permettant de justifier la conversion forcée d’autres personnes ». Des parlementaires chrétiens et hindous, tels que Ramesh Kumar Vankwani et Naveed Amir Jeeva, ont soulevé à plusieurs reprises la question dans les enceintes parlementaires, demandant un plus fort engagement des forces de police et une action politique incisive.
Le Child marriage restraint act – loi interdisant le marriage avec des mineurs – a été approuvé seulement dans la province du Sindh en 2014. En 2019, la Sénatrice Sherry Rehman a présenté une proposition de loi au Sénat pour porter à 18 ans l’âge minimum permettant à des jeunes filles de contracter un mariage. Malgré l’opposition de certains partis politiques islamiques – tels que Jamiat Ulema-e-Islam et Jamaat-e-Islami – la mesure a été approuvée à une large majorité. Elle a été transmise à la Chambre basse où elle doit encore être examinée.
Au sein de l’Inde britannique – avant la partition entre Inde et Pakistan – avait été approuvée en 1929 une loi interdisant les mariages avec des fillettes. Selon certains avocats, ce Child Marriage Restraint Act serait encore valide et applicable y compris sur le territoire de l’actuel Pakistan. (PA) (Agence Fides 13/02/2020)


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