AMERIQUE/BRESIL - Accusations du CIMI contre l’insécurité au sein des territoires indigènes empêchant les déplacements des populations locales

mercredi, 6 novembre 2019 indigènes   eglises locales   violence   droits fondamentaux  

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Accusations du CIMI contre l’insécurité au sein des territoires indigènes empêchant les déplacements des populations locales

Brasilia (Agence Fides) – « Le Conseil indigène missionnaire (CIMI), accuse et inculpe avec indignation et tristesse l’Etat et le gouvernement brésilien du vile assassinat de Paulo Paulino Guajajara intervenu au soir du 1er novembre à l’intérieur du territoire indigène Arariboia de Maranhão. L’indigène avait 26 ans et laisse une épouse et un fils ». Tel est le communiqué du CIMI envoyé à Fides. Paulino Guajajara et Laércio Souza Silva avaient quitté le village de Lagoa Comprida, au nord de la terre indigène, sise à 100 Km de la commune d’Amarante, pour aller à la chasse. Dans les bois, ils ont été surpris par cinq bucherons armés, indique la note.
Les hommes, les armes à la main, ont demandé à Paulino Guajajara et Laércio Souza Silva de leur remettre arc et flèches, traditionnellement utilisés pour la chasse. Les Guajajaras n’avaient pas grandes possibilités de défense.
Des membres de la police civile d’Amarante se sont rendus sur place avec un hélicoptère pour prélever le corps de Paulino Guajajara et le ramener dans sa communauté pour les obsèques. Un premier rapport de la police parle d’une embuscade.
La région du village de Lagoa Comprida est régulièrement envahie par les bucherons depuis de nombreuses années désormais. En 2007, un autre indigène, Tomé Guajajara, avait été assassiné dans cette zone. L’année suivante, les bucherons envahirent le village de Cabeceira, ouvrant le feu sur les indigènes.
Le territoire indigène d’Arariboia est reconnu officiellement et enregistré depuis 1990 pour un total de 413.000 ha. Là vivent quelques 6.000 indigènes Guajajara, ou Tenetehar, et Awá-Guajá.
Le CIMI a dénoncé l’augmentation du nombre des invasions des territoires indigènes, suite à l’encouragement de ceux qui s’opposent à la régularisation des territoires recensés par la Constitution fédérale. Aujourd’hui, il n’est pas exagéré d’affirmer que les indigènes ne peuvent plus se mouvoir en sécurité sur leurs territoires.
Outre à demander une enquête sur les faits tragiques, le CIMI dénonce ceux qui ont encouragé et permis les invasions des terres indigènes, s’accompagnant d’attaques, d’homicides, de menaces, de révoltes et d’incendies volontaires.
Les discours récurrents du Président de la République contre la délimitation et la régularisation des territoires, s’ajoutant à un environnement régional prévenu à l’encontre des populations indigènes, ont constitué la principale invitation aux invasions et à la violence à l’encontre des populations indigènes au Brésil, affirme la note.
Le CIMI rappelle en outre que le sang de Paulino Guajajara et de tant d’autres indigènes a été et sera versé « parce que ceux qui peuvent prévenir la barbarie se taisent et ne font rien », réaffirmant qu’une enquête doit être menée et que la punition des coupables devra être exemplaire. En syntonie avec les familles des indigènes assassinés, le CIMI estime l’actuel gouvernement coupable de ne pas avoir respecté la Constitution fédérale en matière de défense des territoires indigènes.
Le document transmis à Fides porte la signature du Secrétariat général du CIMI en date du 2 novembre 2019. De janvier à septembre de cette année, la Commission contre la violence à l’encontre des peuples indigènes du Brésil a dénombré 160 cas d’invasions concernant 153 territoires indigènes sis dans 19 Etats du Brésil. (CE) (Agence Fides 06/11/2019)


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