AFRIQUE/ERYTHREE- Alarme de l’Episcopat face aux réquisitions d’écoles de la part du gouvernement

samedi, 14 septembre 2019 ecole   eglises locales   solidarité   politique   instruction   dignité humaine   minorités religieuses   liberté religieuse  

Asmara (Agence Fides) – Après avoir exproprié les hôpitaux et les dispensaires, l’Etat érythréen commence à réquisitionner les écoles gérées par des organismes religieux catholiques mais aussi islamiques et protestants. Au cours de ces deux dernières années, ont ainsi été nationalisées 29 cliniques et, au cours de ces dernières semaines, sept écoles – dont quatre catholiques. Face à cette nationalisation forcée, les Eparches érythréens, Leurs Excellences NN.SS. Menghisteab Tesfamariam, Thomas Osman, Kidane Yebio et Fikremariam Hagos, respectivement Archevêque d’Asmara, Eparche de Barentu, Eparche de Cheren et Eparche de Segheneyti ont pris position. Dans une lettre adressée à Semere Re'esom, Ministre de l’Instruction publique, transmise également à l’Agence Fides, ils affirment : « Vu que les actions actuellement mises en œuvre au détriment de nos institutions éducatives et sanitaires sont contraires aux droits et à la légitime liberté de l’Eglise et limitent lourdement l’exercice des postulats de sa foi, de sa mission et de ses services sociaux, nous demandons que les résolutions récentes soient revues et que les actions en cours soient bloquées de manière adéquate ».
L’expropriation s’appuie sur la loi n° 73/1995, qui prévoit que l’ensemble des structures sociales doit être gérée par l’autorité publique. Cette disposition, longtemps restée lettre morte, a commencé à être appliquée seulement au cours de ces dernières années. La mesure a provoqué la préoccupation et le trouble au sein de la communauté catholique et de la population. Parmi les écoles réquisitionnées, se trouvent des institutions historiques, telles que l’Institut secondaire du Très Saint Rédempteur du Séminaire d’Asmara, fondé en 1860 qui a formé au cours des décennies de service des centaines de jeunes qui ont travaillé au service de l’Eglise et du pays. A cela viennent s’ajouter l’école primaire, collège et lycée Saint Joseph de Cheren gérée par les frères lassalliens, le t lycée des frères capucins d’Addi-Ugri; le collège et lycée Saint François des frères capucins de Massawa.
« Nous demandons – écrivent les Evêques – à ce qu’il soit permis à toutes les institutions éducatives et sanitaires de l’Eglise, en tant que légitimement appartenant à nous, citoyens érythréens, de pouvoir continuer leur précieux service au profit du peuple, par ailleurs hautement apprécié. Dans le cas où seraient nécessaires des corrections ou des ajustements, un dialogue ouvert et constructif constitue non seulement un bien mais la seule voie possible ».
L’Eglise ne s’est jamais soustraite au dialogue, ainsi que l’affirment les Evêques eux-mêmes. « Il est toujours dans nos désirs et à notre agenda d’Evêques de l’Eglise catholique de rencontrer les autorités gouvernementales afin de dialoguer de tout ce qui concerne la situation de notre Eglise et de notre nation. Malheureusement, à ce désir n’a jamais été accordée aucune considération de la part des autorités de l’Etat ».
Malgré leur disponibilité à la confrontation, les Evêques ne renoncent pas « à élever la voix, une fois encore, pour protester contre le caractère arbitraire et unilatéral de la mesure prise récemment par le gouvernement », notamment parce que le rôle de l’Eglise est « d’annoncer la Parole du Salut sachant qu’est intrinsèque à ce mandat la promotion intégrale de la personne humaine, c’est-à-dire la prise en charge de l’être humain dans son âme et dans son corps. Da là dérive l’engagement non secondaire dans les domaines de l’instruction, de la santé et du développement social en général », des missions qui ne se déroulent pas seulement « dans les édifices sacrés mais dans les camps ouverts des écoles, des cliniques et des hôpitaux, partout où les hommes et les femmes réclament le droit et ont besoin d’être soignés et instruits et où l’Eglise se sent en mesure de contribuer à leur bien-être global ». (EC) (Agence Fides 14/09/2019)


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