ASIE/SINGAPOUR - Message de l’Archevêque de Singapour à l’occasion de la 54ème Journée nationale

vendredi, 9 août 2019 jeunes responsables religieux droits fondamentaux unité politique société eglises locales

SINGAPOUR

2023-09-15
Remercier Dieu pour ses dons : le parcours du "Temps de la Création"

2022-09-15
Des "Églises sœurs" pour l'Évangile du dialogue, de la paix et de la solidarité en Asie

2022-08-30
Le premier cardinal de Singapour promeut l'harmonie religieuse avec un institut de recherche

2022-06-25
Nouvel élan missionnaire pour les fidèles de la cité-État

2022-06-09
La messe reprend à l'heure du déjeuner, sur les lieux de travail

2021-12-16
Fin du bicentenaire de l'Église : le Premier ministre salue la contribution des fidèles à la société

Singapour (Agence Fides) – « Singapour a besoin de faire grandir une nouvelle génération de responsables ». C’est ce qu’affirme l’Archevêque de la ville, S.Exc. Mgr William Goh, à l’occasion de la 54ème Journée nationale de Singapour qui célèbre ce 9 aout son indépendance de la Malaisie. Dans le message envoyé à l’Agence Fides, l’Archevêque affirme : « En célébrant la 54ème Journée nationale de Singapour, nous sommes appelés à rendre grâce à Dieu pour avoir conduit et protégé notre nation au cours de toutes ces années au travers de diverses épreuves et de différents défis. Toutefois, nous ne devons donner pour escompter ni notre nation, ni la paix, ni l’unité, ni l’harmonie, ni la sécurité ni la prospérité dont nous jouissons » a-t-il affirmé.
Singapour est une ville Etat qui, en 1965, a obtenu son indépendance de la Fédération de Malaisie. Un temps colonie britannique, elle constitue aujourd’hui un centre financier mondial florissant et est décrite comme l’un des tigres économiques du sud-est asiatique. Elle est également renommée pour sa législation plutôt rigide et est fière de sa stabilité et de sa sécurité. Singapour, a remarqué Mgr Goh, a « atteint ce statut au travers de sacrifices réalisés par nos ancêtres et par nos prédécesseurs. Une génération de responsables pionniers avait jeté les bases de la croissance de Singapour. Les valeurs sont renfermées dans notre engagement national qui est celui de nous mobiliser en tant que peuple uni, indépendamment de l’ethnie, de la langue ou de la religion, pour construire une société démocratique basée sur la justice et l’égalité, de sorte qu’il soit possible d’atteindre la prospérité et le progrès ». Ces responsables ont continué à construire Singapour sur la base de ces valeurs. Par conséquent, aujourd’hui, Singapour « a gagné une place sur la scène internationale grâce aux résultats et aux succès incroyables obtenus dans les domaines politique et économique » a-t-il déclaré.
Dans son Message, l’Archevêque a déterminé les nouveaux défis que le pays est appelé à relever : « Les valeurs du monde changent rapidement. Combien d’entre nous qui appartiennent à la génération Pioneer et Merdeka sont déconcertés par la manière dont ont évolué les valeurs de la société. D’un monde qui plaçait la religion au centre de la vie publique, on est passé à un monde privé de la présence du sacré ». « Il existait un monde stable dans lequel des valeurs pérennes de vérité, d’amour, de fidélité, de travail dur, d’honnêteté, d’intégrité, de compréhension traditionnelle du mariage et de la famille, de la sacralité de la vie étaient acceptées comme des points cardinaux en matière de normes et de traditions. Désormais, ces valeurs ont été remplacées par le relativisme moral, une confusion qui porte au pragmatisme, à l’individualisme, au matérialisme, au désespoir et à la culture de la mort, sans aucune préoccupation pour l’avenir de l’humanité et de la Création » a-t-il ajouté.
« Comment pouvons-nous répondre en tant que communauté, en tant que catholiques de Singapour, afin de défendre les valeurs éternelles de vérité et de justice, d’amour et de compassion de manière à pouvoir construire collectivement une société fraternelle et solidaire ? » a-t-il demandé. L’Archevêque invite alors tous les responsables politiques, sociaux et religieux à rechercher une manière de construire une nation au sein de laquelle « les citoyens de Singapour seraient unis », surmontant « des points de vue qui apparaissent souvent inconciliables ».
« Ce qui se dit pour les responsables politiques et sociaux – remarque-t-il – est également vrai pour l’Eglise en termes de préparation d’une nouvelle génération de responsables. La majeure partie de nos prêtres appartient actuellement aux générations Merdeka et Pioneer ». La génération Pioneer est celle de ceux qui sont nés avant 1949 alors que la génération Merdeka est celle des personnes nées entre 1950 et 1959, soit tous ceux qui ont vécu les turbulentes années 1960 en contribuant de manière notable à Singapour au cours d’une période de luttes, de difficultés et de sacrifices ».
« Dans l’état actuel, les prêtres âgés sont remplacés toujours plus fréquemment par des prêtres migrants afin d’aider dans les Paroisses parce que Singapour ne dispose pas de suffisamment de prêtres locaux. Lorsqu’il n’existe pas de renouvellement des cadres de l’Eglise, risque de se perdre le lien avec les croyants appartenant aux nouvelles générations. Nous n’affrontons pas actuellement leurs aspirations et les défis que leur réserve la vie de manière à ce qu’ils puissent comprendre et accueillir. L’Eglise devient une Eglise âgée, redondante pour la société. Nous ne devons pas permettre à l’Eglise de disparaitre parce que, dans ce cas, les générations futures grandiront dans une société sans Dieu » a-t-il déclaré.
Mgr Goh indique encore : « Nous devons promouvoir les vocations sacerdotales et religieuses mais ceci n’est pas facile comme cela était le cas auparavant parce que les conseils évangéliques tels que simplicité, pauvreté, obéissance et chasteté, ne sont pas appréciés par les nouvelles générations ayant grandi dans une société aisée de type individualiste, égocentrique et marquée par la promiscuité. La vie sacerdotale et religieuse n’est pas attrayante pour nos jeunes s’ils ne sont pas tombés amoureux de Jésus. Dans le cas contraire, la vie sacerdotale et religieuse risque de devenir une autre option de carrière, un vol de riz pour les paresseux et les complaisants, une vie de célibataires de la liberté, sans engagement pour le service désintéressé de l’Evangile et des pauvres ».
Le Message de Mgr Goh s’achève en ces termes : « Ceci est le motif pour lequel l’Archidiocèse doit investir davantage afin de renforcer et de former la foi des plus jeunes générations de manière à ce qu’elles demeurent passionnées de l’Evangile parce qu’ayant rencontré l’amour de Jésus de manière radicale ». (SD) (Agence Fides 09/08/2019)