Bururi (Agence Fides) – « L’Eglise qui est au Burundi à travers nous, Evêques, veut célébrer un groupe de personnes qui, au nom de Jésus, ont offert leurs vies pour montrer que notre fraternité dans le Christ est plus importante que l’appartenance à un groupe ethnique. C’est un grand témoignage, un message que nous considérons vraiment nécessaire pour tous les chrétiens. Nous souhaitons célébrer la fraternité chrétienne », C’est dans cette intention que les Evêques du Burundi ont salué l’ouverture de la phase diocésaine du Procès de Canonisation célébrée le 21 juin en la Cathédrale de Bururi concernant deux missionnaires xavériens et une bénévoles, tous de nationalité italienne, tués ensemble à Buyngero en 1995, un prêtre burundais tué à Gitega en 1972 et 40 Petits Séminaristes de Buta tués en 1997. Il s’agit de la première Cause de canonisation ouverte au Burundi.
« Ces frères et cette sœur dans le Christ sont des héros que nous, Évêques du Burundi, vous présentons comme un modèle unique qui inspire l’amour de la fraternité. Chers fidèles du christ, gardez en vous leurs images, lisez leurs vies pour essayer de les imiter. C’est le premier groupe de possibles martyrs que nous présentons à l’Église Universelle pour qu’ils soient déclarés officiellement martyrs et qu’ils soient présentés devant nous tous comme modèles de fraternité dans la vie chrétienne et même dans toute notre société burundaise. Nous vous invitons à suivre les différentes étapes du procès dans la prière et dans la joie. Nous connaissons d’autres frères et sœurs du Burundi qui ont offert leurs vies au nom d’une fraternité interethnique et nous sommes sûrs qu’il y aura d’autres procès de canonisation après le procès diocésain que nous allons commencer dans les prochains jours ».
La cause de béatification super martyrio a été promue par les missionnaires xavériens (Pieuse Société de Saint François Xavier pour les Missions étrangères), Institut fondé par Saint Guido M. Conforti auquel appartenaient les Pères Ottorino Maule et Aldo Marchiol. Avec eux, fut également assassinée la bénévole laïque Catina Gubert, depuis longtemps liée aux Xavériens dans l’animation missionnaire. La Conférence épiscopale du Burundi apporta un soutien plein et entier. Entre temps, la Congrégation pour la Cause des Saints suggéra que soit unis au procès le Père Michel Kayoya, tué le 17 mai 1972 à Gitega et les 40 séminaristes tués le 30 avril 1997 au Petit Séminaire de Buta. Au prêtre burundais est intitulé l’Enquête : « Père Michel Kayoya et XLIII compagnons martyrs ». Le sous-titre est le suivant : « Martyrs de la fraternité ». Le Postulateur de la Cause est le Père Guglielmo Camera SX, alors que comme Vice-postulateur a été nommé le Père Gabriel Basuzwa, formateur et enseignant à Bujumbura.
Le Père Michel Kayoya, 38 ans, fut tué à Gitega le 17 mai 1972. Prêtre, poète et philosophe, il a toujours souligné au travers de ses publications que les différences ethniques, plus qu’une menace, constituent une richesse, un don réciproque. Figure charismatique, amoureux de la vérité, il prêchait l’amour sans jamais le séparer de la justice. Il fut arrêté par une bande armé et emprisonné en compagnie d’une cinquantaine de prêtres et de laïcs. Il est allé à la mort en chantant les psaumes et le Magnificat.
A 05.00 locales du 30 avril 1997, une bande de rebelle attaqua le Petit Séminaire de Buta, dans le Diocèse de Bururi. Face au refus des Séminaristes de se séparer sur la base de l’ethnie, les bandits ouvrirent le feu, tuant 40 jeunes appartenant aux Diocèses de Bururi, Bujumbura, Ruyigi et Gitega. Les rebelles s’enfuirent après avoir saccagé le Séminaire et le Centre pastoral (voir Fides 02/05/1997). Sur le lieu où ils sont ensevelis, a été construit le Sanctuaire de la fraternité, connu au niveau international.
Les Pères Ottorino Maule et Aldo Marchiol, ainsi que la bénévole laïque Catina Gubert, ont été tués dans la Paroisse de Buyengero aux alentours de 19.00 locales le 30 septembre 1995. Les religieuses qui vivaient non loin de la Paroisse entendirent des coups de feu provenant de la zone de la mission mais n’y accordèrent pas une importance excessive. Le Dimanche matin, attendu que les deux prêtres ne venaient pas pour la Messe, elles se sont rendues à la Mission et ont trouvé les trois corps dans le salon de la maison, à terre, tués à coups d’armes à feu. Il s’est agi d’une véritable exécution. Les missionnaires avaient en effet été forcés à s’agenouiller pour être tués d’une balle dans la tête. Seule la laïque avait également reçu une balle dans la poitrine. Rien dans l’habitation n’avait été touché ou volé.
Le Père Ottorino Maule (53 ans) est né à Gambellara (Vicence – Italie) le 07/04/1942 et avait été ordonné prêtre le 15/10/1967. Le 3 septembre 1970, il était parti pour le Burundi. Rappelé en Italie en 1979, il avait été enseignant puis Supérieur du Séminaire xavérien de Zelarino (Venise) et, de 1984 à 1990, Supérieur général des Xavériens d’Italie. Après une brève période passée à Paris pour se préparer de nouveau à la mission, il était reparti au Burundi en septembre 1991. Depuis lors, il était Curé de la Paroisse de Buyengero dans laquelle il a été tué.
Le Père Aldo Marchiol (65 ans) est né à Udine (Italie) le 19/03/1930. Ordonné prêtre le 09/11/1958, après une longue période dédiée à la formation des jeunes missionnaires en Italie, était parti pour le Burundi le 15/09/1978. Il est resté dans ce pays jusqu’au bout, à l’exception d’une brève période (1987-1988) passée en Italie. Depuis près d’un an, il se trouvait dans la Paroisse de Buyengero.
Catina Gubert (74 ans) est née à Fiera di Primiero (Trente – Italie) et se trouvait au Burundi en tant que bénévole laïque, initialement liée à l’organisation Lvia de Cuneo (Italie). Elle avait été au Burundi dans les années 1976-1979 jusqu’aux premières expulsions des missionnaires. Elle se transféra alors en Tanzanie pour poursuivre son œuvre d’assistance et de promotion. Elle était toujours restée liée aux missionnaires xavériens du Burundi, où elle était revenue depuis deux ans. Elle prêtait service en faveur de la promotion de la femme au sein de la mission de Buyengero, où elle a été assassinée (voir Fides 07/10/1995). (SL) (Agence Fides 24/07/2019)