AMERIQUE/BRESIL - Communautés ecclésiales missionnaires y compris en dehors des cadres traditionnels

samedi, 11 mai 2019 animation missionnaire   françois   conférences épiscopales  

Brasilia (Agence Fides) – « La proposition consiste à former des communautés toujours plus indépendantes de la structure physique ou géographique d’une Paroisse qui soient authentiquement chrétiennes et par suite missionnaires parce qu’il n’existe pas de Christianisme authentique sans missionnariat ». C’est en ces termes que le Père Manoel de Oliveira Filho, membre de la Commission ayant rédigé les Lignes directrices générales de l’action évangélisatrice de l’Eglise au Brésil, a synthétisé, dans un entretien accordé à l’Agence Fides, la proposition centrale du document en question, élaboré durant la 57ème Assemblée générale de la Conférence épiscopale ayant eu lieu à Aparecida du 1er au 10 mai, lesquelles seront en vigueur de 2019 à 2023.
L’invitation – et l’ensemble du document – part du « regard réaliste de l’Eglise sur la réalité urbaine, avec ses contradictions, ses possibilités et ses limites », mais aussi de l’appel à vivre sur le modèle des premières communautés chrétiennes, explique le prêtre à Fides. « Lorsque nous parlons de communautés ecclésiales missionnaires, nous ne parlons pas seulement de communautés paroissiales mais il est nécessaire d’extrapoler la limite de la structure physique. Dans notre contexte urbain, très souvent il n’existe pas la possibilité d’une structure paroissiale physique » souligne-t-il, en ce que les grandes périphéries et la croissance exponentielle des villes rendent difficiles le fait de pouvoir disposer dans chaque quartier d’une église ou même d’une simple chapelle. « De nombreux grands ensembles ne permettent pas la construction d’un lieu de culte et pas même l’usage de l’espace public en vue de célébrations religieuses. Cependant, cela ne peut empêcher l’élan missionnaire visant à former une communauté chrétienne. Souvent, il n’existe pas de temple mais l’Eglise est présente » résume le prêtre. « L’église physique n’est pas présente mais une communauté de foi vivante est une réalité ».
Au sein de la société actuelle, où les personnes passent le plus clair de leur temps sur leur lieu de travail, elles peuvent également vivre là le fait « d’être Eglise ». « Où sont présents des fidèles qui vivent leur foi, qui cherchent à être un groupe de la rencontre, de la tendresse, un groupe missionnaire, soutenu par la Parole, qui recherche l’aliment de l’Eucharistie, qui vit la charité, il existe une communauté ecclésiale missionnaire » affirme le prêtre. Cette possibilité existe aussi « dans les universités, les écoles, dans les rues, au sein des œuvres sociales… ». « Il ne s’agit pas de groupes étrangers à la vie institutionnelle de l’Eglise » précise-t-il, « mais de ses bras, de ses jambes, qui avancent au-delà de sa structure ».
Dans le cadre des lignes directrices, de telles communautés sont comparées à une maison avec des caractéristiques particulières : « elle est accueillante. Il s’agit d’une maison de la rencontre, de la tendresse. Elle a ses portes toujours ouvertes et de nombreuses fenêtres. Si elle est une maison de la rencontre avec Dieu par excellence et, avec les frères, elle a des portes ouvertes pour accueillir mais aussi pour sortir et aller à la rencontre des frères. Elle a des fenêtres au travers desquelles la communauté voit toutes les réalités et se sent poussée à sortir en mission ». Il s’agit d’une maison comprenant quatre piliers : le pain – spiritualité et Eucharistie –, la Parole – comprenant l’initiation à la vie chrétienne -, la charité – avec la défense de la vie – et l’action missionnaire. C’est ici que se fait la différence entre l’esprit et l’action missionnaire « parce qu’il ne suffit pas d’avoir un esprit missionnaire. Il faut planifier, programmer, établir des objectifs. Ici la mission est présente tant comme âme et essence de la communauté chrétienne que comme action qui concrétise cette âme ».
A partir du document, la mission devra entrer dans les plans pastoraux et les programmes d’action, non seulement des Eglises particulières mais de toutes les instances ecclésiales telles que les écoles, universités, nouvelles communautés, mouvements, Congrégations religieuses… Pour chacun de ces piliers, les lignes directrices établissent une série de propositions. Le Père Filho espère que toute l’Eglise au Brésil « suivra cette route et croira en ce projet. Nous aurons besoin d’un chemin de conversion, de nous former et de nous mettre dans l’esprit et dans le cœur ce style de mission pour pouvoir le transformer en réalité ». Il est cependant optimiste. « A partir de l’Assemblée de l’Episcopat latino-américain et caribéen d’Aparecida en 2007 puis dans la logique de l’Eglise en sortir du Pape François et de son [Exhortation apostolique] Evangelii Gaudium, la mission pénètre actuellement dans la réalité de l’Eglise au Brésil ». (SM) (Agence Fides 11/05/2019)


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