ASIE/LIBAN - Intervention du Patriarche d’Antioche des Maronites dans le débat sur la reconnaissance du mariage civil

samedi, 23 février 2019 proche-orient   eglises orientales   mariage   charia  

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Beyrouth (Agence Fides) – Le Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Boutros Bechara Rai, est intervenu dans le débat rouvert au sein de la société libanaise à propos de la reconnaissance juridique du mariage civil et les expressions qu’il a utilisées à cette occasion sont interprétées par beaucoup comme un signal de disponibilité à approfondir la discussion sans refus préjudiciels.
Dans ses déclarations du 22 février après une rencontre entre le Patriarche d’Antioche des Maronites et le Président libanais, le Général (2S) Michel Aoun, le Cardinal a indiqué ne pas être absolument contraire à une loi reconnaissant le mariage en tant que lien à caractère civil, une reconnaissance juridique du caractère civil du mariage qui devrait valoir pour toutes les unions conjugales et ne pas avoir un caractère facultatif. « Il n’existe – a déclaré à ce propos le Cardinal – pas de loi facultative. La première caractéristique d’une loi est d’être contraignante. En la rendant facultative, le pays semblerait fragmenté et commenceraient à émerger des problèmes ». En revanche, s’il introduisait une loi obligatoire pour attester et sanctionner la nature du mariage – et de tout mariage – en tant que lien civil, « il serait ensuite de mon devoir de Patriarche – a-t-il ajouté – d’expliquer aux maronites que le mariage est l’un des sept sacrements de l’Eglise, qui doit être célébré s’ils veulent vivre de manière authentique leur Christianisme », ceci parce qu’il appartient à chacun la responsabilité de prendre en conscience ses décisions face à Dieu, attendu que « c’est Dieu et pas moi qui juge les actions ».
Par le passé et à plusieurs reprises, le Patriarche d’Antioche des Maronites, créé Cardinal en 2012 par le Pape Benoit XVI, avait exprimé son avis favorable concernant une loi sur le mariage civil obligatoire pour reconnaitre les effets civils de toutes les unions conjugales libanaises quelque soit la confession religieuse d’appartenance. Dans ces nouvelles déclarations, le Patriarche d’Antioche des Maronites a rejeté également les polémiques de ceux qui affirment que les hiérarchies religieuses libanaises s’opposent à la règlementation légale du mariage civil pour ne pas devoir renoncer aux contributions économiques leur étant reconnues pour célébrer et enregistrer les mariages religieux.
L'éventuelle approbation du mariage civil au Liban aurait comporté nécessairement l'amendement de l'article 9 de la Constitution selon lequel le statut personnel de chaque libanais est réglementé selon les dispositions et praxis juridique de sa communauté religieuse d’appartenance.
Ainsi que l’a indiqué l’Agence Fides (voir Fides 21/02/2019), la question controversée de la légalisation du mariage civil anime à nouveau le débat public au Liban après les récentes déclarations du Ministre de l'Intérieur du nouveau gouvernement, Raya Hassan, qui, ces jours derniers, a indiqué vouloir faire place à la reconnaissance du mariage civil au sein de la législation libanaise, souhaitant un débat approfondi sur la question. La position la plus nettement négative arrive de Dar Al Fatwa, l'instance autorisée de l'islam sunnite libanais, qui a réaffirmé son opposition, déclarant que le mariage civile « contredit de manière radicale » les lois sur le mariage inspirées à la charia. De son côté, le Père Abdo Abu Kassem, responsable du Centre d'information catholique, a réaffirmé que, sur ce point, chrétiens et musulmans libanais sont unis et que l'Eglise catholique ne peut appuyer une législation qui ne reconnaîtrait pas le mariage comme sacrement.
Au Liban, où coexistent 18 confessions religieuses différentes, chaque communauté règle les unions conjugales selon ses propres traditions spécifiques.
Jusqu'ici, les couples libanais désireux de célébrer leur mariage selon un rite civil recourent à l'escamotage de se marier civilement à Chypre pour faire ensuite enregistrer leur union au Liban. (GV) (Agence Fides 23/02/2019)


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