AFRIQUE/LIBYE - Restes de 34 chrétiens éthiopiens massacrés par les djihadistes retrouvés dans une fosse commune

samedi, 5 janvier 2019 proche-orient   eglises orientales   martyrs   djihadistes  

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Syrte (Agence Fides) – Les autorités du gouvernement d'entente nationale de Libye ont rendu public la découverte d'une fosse commune contenant les restes de 34 chrétiens éthiopiens massacrés en 2015 par des djihadistes affiliés au prétendu «  Etat islamique  ». Selon ce qui a été indiqué ces jours derniers par le Département d'enquête criminelle du Ministère de l'Intérieur, la fosse a été identifié dans un terrain proche de la ville côtière de Syrte, dans une zone qui, en 2015, était sous le contrôle de groupes armés djihadistes. Les autorités libyennes – indiquent les sources officielles nationales – ont fait savoir que les restes mortels des chrétiens trucidés par le prétendu «  Etat islamique  » seront rapatriés en Ethiopie une fois achevées les procédures légales nationales et internationales.
En avril 2015, une vidéo transmise par Furqan Media – accrédité alors comme un réseau médiatique de référence pour le prétendu «  Etat islamique  » - avait montré deux groupes de prisonniers différents présentés comme des chrétiens éthiopiens alors qu'ils étaient décapités ou passés par les armes d'un coup de feu à la nuque sur une plage déserte de Libye. La vidéo, accompagnée des habituels slogans contre la «  nation de la croix  » et accompagné d'images de destruction d'églises, d'icônes et de tombes chrétiennes, répétait que, sur les terres contrôlées par le prétendu «  Etat islamique  », il n'y aurait pas eu de salut pour les chrétiens s'ils ne se convertissaient pas à l'islam ou n'acceptaient pas de verser la «  taxe de protection  ».
Dns la vidéo – particulièrement éloquente – les victimes étaient présentées comme appartenant à «  l'Eglise hostile des éthiopiens  ». Les chrétiens massacrés étaient de pauvres émigrants éthiopiens appartenant aux multitudes d'hommes et de femmes qui migrent en Libye pour tenter de trouver un travail ou de se rendre en Europe en embarquant sur les embarcations gérées par la criminalité organisée.
L'Eglise orthodoxe éthiopienne Tewahedo a été liée au niveau juridique au Patriarcat copte d'Alexandrie jusqu'en 1959, année qui l'a vu reconnaître comme Eglise autocéphale par le Patriarche copte orthodoxe Cyrille VI. L'Eglise copte orthodoxe a été prise pour cible au cours de ces dernières années par des massacres et des attentats perpétrés par des djihadistes liés au prétendu «  Etat islamique  » qui la frappent en tant qu'identifiée comme une entité ecclésiale proche des institutions politiques de l'Egypte du Président Abdel Fattah al Sisi. De janvier à février 2015, peu de mois avant le massacre des chrétiens éthiopiens, 20 égyptiens coptes et un de leur compagnon de travail ghanéen avaient eux aussi été égorgés par des djihadistes sur une plage libyenne proche de Syrte. « Il est frappant – avait fait remarquer en son temps S.Exc. Mgr Antonios Aziz Mina, désormais Evêque émérite de Gizeh (voir Fides 20/04/2015) – que l’Eglise éthiopienne soit qualifiée d’Eglise hostile… Evidemment, ces étranges djihadistes suivent également les évolutions politiques des rencontres entre les Eglises. Mais, dans cette grande douleur, nous continuons à regarder ces événements avec le regard de la foi. La liste des martyrs n’est pas finie et elle accompagnera toute l’histoire, jusqu’à la fin. Les chrétiens ne recherchent pas le martyre, ils veulent vivre dans la paix et dans la joie. Mais si le martyr arrive, nous l’acceptons avec la même paix que celle avec laquelle l’ont accepté les coptes qui prononçaient le nom du Christ et se remettaient à Lui alors qu’ils étaient égorgés. L’Eglise ne s’est jamais plainte du martyr mais elle a toujours célébré les martyrs comme ceux en qui, lorsqu’ils sont tués, resplendit la grande et consolante victoire du Christ ».
Les restes des égyptiens coptes décapités en Libye en compagnie de leur camarade de travail ghanéen avaient été identifiés fin septembre 2017 dans une fosse commune sise sur la côte libyenne, non loin de Syrte. Leurs corps avaient été trouvés les mains liées derrière le dos, revêtant encore les combinaisons orange qu’ils portaient dans la vidéo macabre tournée par leurs bourreaux au moment de leur décapitation. Aujourd’hui (voir Fides 12/07/2018), un Musée près de la Cathédrale dédiée aux Martyrs de Libye dans le village égyptien d’al-Our conserve comme des reliques les monnaies retrouvées dans les poches des coptes égyptiens martyrisés et leurs chaussures ainsi que des documents d’identité et des livrets de travail sur lesquels deux d’entre eux enregistraient au jour le jour leurs activités professionnelles. (GV) (Agence Fides 05/01/2019)


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