AMERIQUE/HAITI - Les Evêques d’Haïti et Noël « marqué par les graves maux caractérisant notre pays »

samedi, 22 décembre 2018 droits fondamentaux   pauvreté   politique   corruption   zones de crise   faim   violence  

Twitter

Les Evêques d’Haïti et Noël « marqué par les graves maux caractérisant notre pays »

Port-au-Prince (Agence Fides) – L’échec des institutions de l’Etat, l’escalade de la violence, l’action de bandes armées sous la conduite de puissants sponsors, la croissance de la débâcle économique portant à un appauvrissement intolérable mais également une corruption diffuse, une impunité arrogante, la défiance, le manque de respect envers le caractère sacré de la vie et l’attaque sans pudeur contre la dignité de la personne humaine : tels sont les nombreux maux qui frappent Haïti et sont dénoncés au travers de paroles fortes par l’Eglise en Haïti dans le cadre du Message de Noël 2018 adressé aux prêtres, religieux, laïcs et aux hommes et femmes de bonne volonté.
Dans un document comptant 14 points envoyé à l’Agence Fides, la Conférence épiscopale d’Haïti fait entendre sa voix face à une situation alarmante et toujours plus tragique pour le peuple haïtien. Les Evêques rappellent que Dieu « ne laisse pas l’homme retourner dans l’abysse du mal. Il vient à son aide pour le porter à sortir de la profondeur de sa chute ».
Racontant une réalité marquée par des échecs politiques et sociaux, ils rappellent les effets des affrontements violents entre groupes sociaux : « Comment ne pas parler de l’horreur et de la terreur que nous avons vécu lorsque certaines victimes ont été trouvées mutilées et jetées dans les poubelles ! Aux familles en deuil, nous exprimons notre proximité et nous nous attendons à ce que les auteurs de ces crimes horribles soient arrêtés et remis à la justice ».
« L’Eglise – observe le texte – demande un dialogue sincère et sans démagogie. La nation va actuellement vers l’abîme de son anéantissement. C’est sur ce terrain de dialogue authentique, sincère et inclusif que nous proposons de ramener le dossier PetroCaribe – cause des affrontements NDR – auquel nous devons donner suite de manière concrète et ce le plus rapidement possible tant sous un profil administratif que juridique ».
Les Evêques s’adressent ensuite aux autorités : « Vous, fonctionnaires élus, à tous les niveaux de l’Etat, votre responsabilité est de faire, ainsi que le demande le peuple, tout ce qui est en votre pouvoir pour bloquer cette dégradation inquiétante d’Haïti. Vous êtes responsables de la protection des personnes et des institutions démocratiques du pays. Vous devez renoncer aux privilèges excessifs et extravagants dont vous jouissez au détriment des besoins primaires et vitaux de la population. Vous devez agir avant qu’il ne soit trop tard ». « A vous qui êtes engagés au sein de partis politiques et détenez le pouvoir – poursuivent-ils – nous rappelons que le pouvoir est un service. Dès lors, vous êtes appelés à faire taire les passions et les ambitions personnelles de manière à ce que ce soit le pays à être vainqueur, dans tous les cas ».
Un mot s’adresse à ceux qui gèrent la justice : « Vous qui êtes investis de la magistrature, vous êtes appelés à faire prévaloir l’Etat de droit et de justice dans un système critiqué et considéré comme corrompu. N’êtes-vous vraiment pas coupables ? Nous faisons appel à votre impartialité, - votre indépendance, à votre intégrité et à votre courage ».
Le Message se poursuit par un appel à toute la population : « Vous, membres de la société civile, hommes et femmes de bonne volonté, aimez sincèrement ce pays. Travaillez honnêtement à son développement. Votre rôle est de contribuer à la transformation de la société. En outre, il faut résister à toute forme de cécité, de pressions, d’intimidation et de manipulation ».
Les Evêques lancent également un cri éploré : « Fils et filles d’Haïti, tout ce que nous vous avons à peine dit demeurera lettre morte et vains mots tant que le venin de la défiance altèrera et biaisera nos relations. Nous devons reconnaître ceci : la défiance provoquée par la peur règne parmi nous et fait obstacle au progrès de notre pays. Nous devons la combattre et cette lutte passe au travers de l’éducation de la conscience permettant l’avènement d’une culture de la vérité, de la loyauté et de la probité. Elle nous permet de devenir des citoyens responsables ».
Le texte s’achève par un souhait pour Noël 2018 et pour la nouvelle année 2019, exhortant à « marcher vers un véritable pacte de confiance et par suite à donner un nouveau printemps à notre peuple. A notre Mère bien-aimée, Notre-Dame du Perpétuel Secours, nous confions ce désir afin que, par Son intercession, il puisse se réaliser ». (CE) (Agence Fides 22/12/2018)


Partager:
droits fondamentaux


pauvreté


politique


corruption


zones de crise


faim


violence