ASIE/TURQUIE - Libération et rapatriement éclair du pasteur évangélique Brunson

samedi, 13 octobre 2018 proche-orient   evangéliques   géopolitique  

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Izmir (Agence Fides) – Le pasteur évangélique Andrew Craig Brunson, arrêté et traduit en justice en Turquie pour avoir fait parie d’organisations terroristes et d’espionnage, a été libéré le 12 octobre et rapatriée ce même jour aux Etats-Unis. Sa libération et son retour aux Etats-Unis mettent fin à une saga judiciaire qui avait contribué de manière notable aux tensions entre la Turquie et l’Administration américaine.
La libération du pasteur américain a été disposée au terme de la quatrième audience du procès contre lui ayant eu lieu le 12 octobre au tribunal d’Aliaga, en province d’Izmir. Malgré les rétractions de certains témoins qui l’avaient précédemment accusés, la Cour avait cependant condamné le pasteur – arrêté en octobre 2016 – à cinq ans de réclusion pour avoir soutenu les « organisations terroristes » indiquées par la Turquie comme responsables du coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016. Lors de l’audience, la peine a été réduite à trois années et un mois de réclusion, avec suspension de la dernière année de détention. Ont également été révoquées les restrictions qui empêchaient au condamné de quitter la Turquie, ce qui a permis au pasteur de s’embarquer immédiatement à bord d’un avion militaire américain qui l’a ramené à Washington, où il est attendu, ce 13 octobre, par le Président Donald J. Trump à la Maison Blanche.
L’avocat du pasteur, Ismail Cem Halavurt, a cependant annoncé son intention de faire appel contre la condamnation qui a frappé son client. « Les chrétiens en Turquie – indique dans un communiqué l’organisation Middle East Concern – se réjouissent de la libération d’Andrew Brunson de sa prison », appelant qu’au début du procès, le Parquet avait requis pour l’inculpé une peine de 35 ans de réclusion.
Ancien responsable de l’église évangélique de la Résurrection d’Izmir, Andrew Brunson avait initialement été convoqué par les services de l’immigration turcs en octobre 2016 en compagnie de son épouse, Lyn Norine. Il leur avait été alors signifié qu’ils auraient dû quitter le pays, mesure justifiée par une vague accusation liée à la réception de fonds provenant de l’étranger pour financer des activités missionnaires et par le fait qu’ils auraient mis en danger la sécurité du pays au travers de leurs activités. Par la suite, la presse turque a indiqué que le décret d’expulsion du pasteur s’était transformé en arrestation après qu’un témoin dont l’identité est demeurée secrète l’ait accusé d’appartenir à l’organisation de F. Gulen, accusé par le gouvernement turc d’être le grand metteur en scène du coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016.
Le 28 septembre 2017, le Président turc en personne s’était déclaré prêt à libérer le pasteur en échange du simple fait que les autorités américaines remettent à la Turquie Fethullah Gulen, réfugié aux Etats-Unis depuis 1999. Au fil du temps, les crimes attribués au pasteur Brunson par les autorités judiciaires turques se sont alourdis. Des témoins secrets et énigmatiques pris cependant en considération par le tribunal d’Izmir, l’ont même accusé de soutenir la naissance d’un fantomatique Etat kurde chrétien devant occuper également une partie du territoire turc.
Le cas du pasteur Brunson a accentué avec le temps son caractère de casus belli entre la Turquie et les Etats-Unis, alliés pourtant au sein de l’OTAN. A ce propos, le Président américain en personne s’était exprimé à plusieurs reprises. Le 26 juillet il a en effet qualifié le pasteur de « grand chrétien, homme de famille et merveilleux être humain » soumis à de graves souffrances, en demandant la libération immédiate. Le Vice-président américain, Michael Pence, est lui aussi intervenu sur ce cas, réaffirmant que le pasteur Brunson est un homme innocent contre lequel il n’existe aucune preuve crédible, menaçant « des sanctions significatives contre la Turquie si des mesures concrètes et rapides visant à hâter sa libération » n’étaient pas prises (voir Fides 02/08/2018). Au début du mois d’août, le Département du Trésor des Etats-Unis mettra en œuvre des sanctions ciblées à l’encontre des titulaires de deux Ministères turcs, ceux de la Justice – conduit par Abdulhamit Gul – et celui de l’Intérieur – guidé par Suleyman Soylu – en tant que rétorsion contre la détention du pasteur évangélique américain.
Quelques heures avant l’annonce des sanctions américaines, depuis Ankara, le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré devant des opérateurs des moyens de communication que la Turquie n’aurait prit en aucun cas en considération le « langage menaçant » des autorités américaines, les qualifiant d’expression d’une « mentalité évangélique et sioniste ». (GV) (Agence Fides 13/10/2018)


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