AMERIQUE/PARAGUAY - Béatification de la jeune carmélite connue sous le surnom de Chiquitunga, inlassable apôtre des marginalisés

lundi, 25 juin 2018 béatification   jeunes   pauvreté   spiritualité  

Asunción (Agence Fides) – « Un modèle de jeune chrétienne », « une personne réalisée, très intelligence, qui irradiait la joie », « un témoignage jeune d’une sainteté possible qui ne constitue plus un idéal impossible », « un modèle de personne pensante qui met en doute et discute parce qu’il existe des réalités qu’il faut remettre en cause pour pouvoir cheminer vers le bien ». C’est ainsi que S.Exc. Mgr Adalberto Martínez Flores, Evêque élu de Villarrica del Espíritu Santo, décrit à l’Agence Fides la figure de la jeune carmélite déchaussée María Felicia de Jesús Sacramentado Guggiari, plus connue sous le surnom de Chiquitunga, béatifiée samedi dernier, 23 juin, à Asunción, en présence de 50.000 dévots venus de tous le Paraguay mais aussi d’Argentine, dans le cadre d’une Messe solennelle célébrée par S.Em. le Cardinal Angelo Amato, Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints.
« Regardez comme elle convoque la sainteté ! – s’exclame Mgr Martinez en parlant avec l’Agence Fides. Ce sont des personnes qui non seulement admirent la vie des Saints mais qui veulent aussi imiter la donation de Chiquitunga. De manière providentielle, aujourd’hui, le Saint-Père m’a nommé Evêque du Diocèse où elle naquit, terre de Saints, nous pourrions dire, du fait des nombreux témoignages de vie chrétienne. A Villarrica, ont eu lieu de très grandes manifestations de foi et d’action de grâce envers Dieu ces jours-ci, avec de nombreux pèlerins venus pour la Béatification ». Pour l’Evêque, « il faut être fiers » de la Bienheureuse, qui est « pour toutes les saisons », « surtout pour celle-ci au cours de laquelle, au Paraguay, nous avons besoin de personnes qui se consacrent totalement au Seigneur dans le milieu où elles vivent ».
C’est justement de Villarrica qu’était parti un nouvel élan de dévotion envers Chiquitunga, qui s’ajoutait au groupe qui, depuis Asuncion, où la Bienheureuse a vécu les cinq dernières années de sa vie terrestre, a recueilli des témoignages sur son apostolat laïc et promu la cause en béatification et canonisation avec les Carmélites de la capitale. Peu de temps après la nomination de S.Exc. Mgr Ricardo Valenzuela, actuellement Evêque de Caacupé, à la tête du Diocèse, avait commencé à œuvrer, sur la base d’une proposition venant de lui, la Fraternité de Chiquitunga ayant pour objectif de diffuser la dévotion et de porter, comme le fit la Bienheureuse, le sourire et la caresse de la Parole de Dieu ainsi qu’une aide concrète, jusqu’au bout, aux détenus, dans les hôpitaux et aux malades se trouvant à leur domicile. C’est ce qu’explique Carmen Gamarra, coordinatrice du groupe en question.
Felipe González, jeune membre de la première heure, raconte que la Bienheureuse le frappa par le fait que la première et la dernière visite de sa journée ait été pour Jésus dans le Tabernacle avec Lequel elle avait un rapport très vivant qui rendait féconde son activité d’étudiante, de catéchiste et d’animatrice de l’Action catholique. Au cours d’une assemblée de cette dernière, elle avait pris la parole à plusieurs reprises pour défendre sa position contraire à celle du jeune Ángel Sauá, duquel elle aurait été ensuite intensément amoureuse. Elle conserva par la suite avec lui une correspondance spirituelle, à la demande de son père spirituel, et offrit sa consécration carmélitaine pour sa sainteté sacerdotale.
S.Em. le Cardinal Amato a rappelé dans son homélie que « Ángel Sauá l’invita au cinéma et comme réponse, elle l’invita à voir un film beaucoup plus réaliste, le portant à l’hôpital pour visiter les malades. Là, ils apprirent qu’une personne avait besoin d’une transfusion et tous deux donnèrent leur sang ». Le Cardinal a qualifié Chiquitunga de « bibliothèque de sainteté » pour le grand nombre d’actes de générosité, de bonté et d’humilité recueillis pour la cause, et de « figure éminente de jeune cultivée et de sainte enthousiaste de sa foi et de sa vocation ». « Des témoins de son époque parlent d’une foi immense, convaincue, explosive », certains « la comparent à Mère Teresa de Calcutta » a encore déclaré le Cardinal Amato, soulignant que la Bienheureuse, née le 12 janvier 1925, appartenait à une famille profondément liée à la politique nationale et persécutée personnellement pour cela. « Elle renonça à l’amour humain pour le donner au Seigneur » au travers de la vie contemplative. Après avoir travaillé pendant quatre ans comme institutrice, María Felicia entra au Carmel d’Asunción, où elle ajouta l’appellatif de « de Jésus Sacrement » et vécut, sans perdre sa joie, jusqu’au 28 avril 1959, lorsqu’elle mourut suite à une hépatite infectieuse. L’anniversaire de son dies natalis sera à partir de l’an prochain la date de sa mémoire liturgique.
Après la prière mariale de l’Angelus, avec les fidèles réunis Place Saint-Pierre, hier, Dimanche 24 juin, le Pape François a rappelé en ces termes la nouvelle Bienheureuse : « Hier, à Asunción (Paraguay), a été proclamée Bienheureuse Maria Felicia de Jésus Sacrement, dans le siècle Maria Felicia Guggiari Echeverría, moniale des Carmélites déchaussées, appelée par son père et aujourd’hui encore par le peuple paraguayen Chiquitunga. Elle a vécu au cours de la première moitié du XX° siècle et adhéra avec enthousiasme à l’Action catholique, prenant soin des personnes âgées, des malades et des détenus. Cette expérience féconde d’apostolat, soutenue par l’Eucharistie quotidienne, déboucha sur la consécration au Seigneur. Elle mourut à 34 ans, en acceptant avec sérénité la maladie. Le témoignage de cette jeune Bienheureuse constitue une invitation faite à tous les jeunes, en particulier aux paraguayens, à vivre la vie avec générosité, mansuétude et joie. Saluons Chiquitunga par des applaudissements ainsi que tout le peuple paraguayen ! ». (SM) (Agence Fides 25/06/2018)


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