ASIE/BANGLADESH - De la nécessité d’une lutte contre la drogue respectueuse des droits fondamentaux

mardi, 12 juin 2018 drogue   justice   droits fondamentaux   politique   forces armées   violence   société civile  

Dacca (Agence Fides) – Une approche respectueuse des droits et de la dignité humaine en relation avec le problème de la drogue est une urgence au Bangladesh. C’est ce qu’affirme, dans un entretien accordé à l’Agence Fides, Rita Haldar, assistante sociale présente à Dacca, commentant la « guerre contre la drogue » que les forces de sécurité du Bangladesh ont lancé, tuant plus de 140 personnes et en arrêtant 18.000 autres en trois semaines. Tel est le fruit de la campagne promue par le gouvernement du Premier Ministre Sheikh Hasina qui, selon certains observateurs, a repris une approche mise en œuvre aux Philippines par le Président, Rodrigo Duterte. La campagne antidrogue a été approuvée par la Hasina le 15 mai. Le Bangladesh prend actuellement en considération l’introduction de la peine de mort pour les délits liés à la drogue.
La campagne vise à bloquer la diffusion de la drogue dénommée ya ba en langue bengalaise, une méta amphétamine qui, dans le pays, enregistre un trafic d’une valeur de 3 milliards d’USD par an, selon les données gouvernementales.
« Il s’agit d’une approche violente et répressive, qui n’exclut pas les exécutions sommaires et les arrestations arbitraires. La répression dans le pays doit cesser » observe Rita Haldar. « Il est urgent de trouver une alternative par rapport au fait de tuer et d’arrêter des personnes de manière indiscriminée. Les personnes qui ont des problèmes de drogue dans le pays ont besoin de suivre un processus de réhabilitation et de réintégration dans la société plutôt que de subir des violences ou d’être éliminées. La campagne du gouvernement va à l’encontre des droits fondamentaux et de la dignité humaine » déclare Rita Haldar à l’Agence Fides.
Des activistes pour la défense des droits fondamentaux affirment que le Premier Ministre et son parti, l’Awami League (AL), entendent freiner le marché des drogues illicites et utiliser cet argument comme instrument politique pour remporter les élections législatives prévues pour cette année. « La campagne antidrogue au Bangladesh sème la terreur et consolidera le pouvoir politique mais ne servira pas à éradiquer la drogue » affirment-ils.
Selon les activistes en question, la campagne au Bangladesh se base sur des données et des témoignages douteux. Le gouvernement affirme, sans preuves concrètes, que sept millions de bengalais sont des toxicomanes. De présumés vendeurs de drogue ont été tués au cours des opérations de police. Le Ministère de l’Intérieur du Bangladesh a indiqué que les agents ont agi de la sorte dans la mesure où les suspects avaient opposé résistance à l’arrestation.
Au Bangladesh, le gouvernement était déjà accusé de persécuter l’opposition politique et les défenseurs des droits fondamentaux avant cette guerre contre la drogue. « Si la véritable intention du gouvernement est d’affronter le problème de la drogue au Bangladesh, il faudrait prendre en considération des modèles efficaces de santé publique mis en place dans certains pays voisins » conclut Rita Haldar.
En Malaisie, le gouvernement a mis en place des programmes sociaux qui considèrent la drogue comme une question de santé publique et non pas un simple problème d’ordre public. En Thaïlande, après une approche punitive sous le Président Thaksin Shinawatra, la société civile a soutenu un changement de cette politique, introduisant une approche plus pragmatique et orientée à la santé, indique Jonas Bagas, activiste travaillant pour APCASO, réseau régional d’ONG. « Ces programmes – remarque-t-il – ne sont pas parfaits mais se révèlent constituer une approche plus humaine et plus efficace du problème de la diffusion et de l’usage de drogue ». (SD) (Agence Fides 12/06/2018)


Partager:
drogue


justice


droits fondamentaux


politique


forces armées


violence


société civile