ASIE/AFGHANISTAN - Avis d’un ancien missionnaire en Afghanistan sur les modalités de construction de la paix

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Cremona oggi

Le Père Moretti en Afghanistan

Kaboul (Agence Fides) – « Les signaux positifs provenant d’Afghanistan au I° trimestre 2018 sont loin de nous dire que la guerre finira mais ils constituent cependant toujours des traces d’espérance. Il faut les considérer avec des yeux confiants et, surtout, prier dans la mesure où l’auteur de la paix est Dieu seul ». C’est ce que déclare à l’Agence Fides le Père Giuseppe Moretti, Barnabite et missionnaire en République islamique afghane de 1990 à 2015, se référant aux développements qui, ces derniers mois, ont intéressé le pays en guerre depuis près de quarante ans.
Le 27 mars dernier, à Tachkent, a eu lieu le dernier des passages du processus de paix entrepris depuis le début de l’année. La capitale de l’Ouzbékistan a en effet accueilli la Conférence internationale de haut niveau dédiée à l’Afghanistan et traitant le thème « Processus de paix, coopération dans le domaine de la sécurité et de l’interaction régionale », laquelle avait été organisée à l’initiative du Président ouzbèk, Shavkat Mirziyoyev. « Le niveau d’attention prêté à la nation afghane est élevé depuis le début de cette année. Le 8 janvier dernier, en parlant au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le Pape a indiqué l’Afghanistan comme l’une des nations ayant le plus besoin de paix. En février a eu lieu la rencontre des hautes autorités de Défense d’Asie centrale à Kaboul, en présence des Etats-Unis et de l’OTAN. Au cours de ce même mois, le Président Ghani a affirmé que la paix ne pourra être atteinte sans un accord avec les talibans » raconte le religieux.
Des signaux importants proviennent également de l’ONU : « Dans son dernier rapport, l’Envoyé spécial de l’ONU en Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, invite les talibans à répondre à la proposition de dialogue qui leur est offerte par le gouvernement afghan et à abandonner la volonté de traiter avec les Etats-Unis et non avec les autorités de Kaboul. Malheureusement, cette invitation n’a pas été acceptée, ainsi que le montrent les opérations de guérilla continuelles auxquelles nous assistons » explique le Père Moretti, se référant aux attaques constantes perpétrées depuis janvier, la dernière desquelles a eu lieu le 21 mars dans un sanctuaire chiite de l’ouest de Kaboul, faisant 26 morts et 18 blessés.
« Nous espérons qu’aux paroles feront suite des faits, même si cela demandera du temps, de la fermeté et du courage. D’autre part, l’ouverture faite par le Président Ashraf Ghani en direction du mouvement taliban a eu lieu en établissant des limites claires : toute décision devra garantir les droits et devoirs constitutionnels de l’ensemble des citoyens et protéger en particulier ceux des femmes » indique le religieux.
En Ouzbékistan, les représentants des 24 pays participant à la Conférence ont signé la Déclaration de Tachkent en s’engageant à se faire promoteurs d’initiatives concrètes telles que la réalisation de grandes œuvres en Afghanistan. « Je suis convaincu depuis toujours que si l’on veut la paix, il faut la construire. Il est possible de le faire en construisant des écoles, des hôpitaux, des maisons, des routes, en créant des opportunités de travail. En somme, il est possible de le faire avec tout ce qui est à la base d’une réalité démocratique, en permettant ainsi à la population de ne plus écouter le bruit des armes mais celui des pelleteuses et des grues qui réalisent de nouvelles infrastructures » affirme le Père Moretti. Au cours de ces 25 ans de mission à Kaboul, le religieux a réalisé la Tangi Kalai School of Peace, un institut dont l’objectif est d’enseigner aux jeunes les concepts de paix et d’accueil. Aujourd’hui, l’école accueille 3.000 élèves éduqués selon des programmes publics et par des enseignants choisis par le gouvernement. (LF) (Agence Fides 05/04/2018)


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