AFRIQUE/AFRIQUE DU SUD - Critiques de la Conférence épiscopale quant au caractère tardif de la démission du Chef de l’Etat

vendredi, 16 février 2018 evêques   politique   corruption  

Johannesburg (Agence Fides) – « La démission du Président Jacob Zuma devait être présentée depuis longtemps » affirment les Evêques de la Southern African Catholic Bishops’ Conference (SACBC), dans une déclaration parvenue à l’Agence Fides, au sein de laquelle ils se félicitent de la démission du Chef de l’Etat.
Jacob Zuma a mis fin à ses fonctions après avoir été sommé de le faire le 13 février par la direction de son parti, l’African National Congress (ANC). Face à la perspective d’un vote de défiance de l’Assemblée nationale, qui devait avoir lieu le 15 février, Jacob Zuma a annoncé sa démission la veille.
Sa présidence a été caractérisée par de très graves scandales liés à la corruption qui ont rendu encore plus grave la déception de la population à propos de la crise économique qui frappe le pays. « Le fait qu’il ait été permis à Jacob Zuma de demeurer au sommet de l’Etat malgré l’évidence écrasante et de longue date de son inaptitude à la charge, a produit un dommage immense à la réputation internationale de notre pays, à son économie et, en particulier, aux citoyens les plus pauvres et les plus vulnérables » soulignent les Evêques.
Jacob Zuma est accusé de corruption personnelle et d’une vie licencieuse, au point qu’il est « perçu par tous que la Présidence Zuma a dégradé les standards de moralité et d’honneur de la vie publique, fomentant la corruption et l’abandon du devoir à tous les niveaux du gouvernement ».
Hier, 15 février, l’Assemblée nationale a élu le Président de l’ANC, Cyril Ramaphosa, Chef de l’Etat.
Les Evêques souhaitent que les responsables de l’ANC impriment un tournant net par rapport au passé et qu’ils lancent un appel aux dirigeants du parti afin qu’ils « s’engagent à conduire une analyse approfondie concernant leurs standards interne et les mécanismes de responsabilité » existants.
Une analyse du Bureau parlementaire de la SACBC souligne que Jacob Zuma a été placé au pouvoir par une cordée interne à l’ANC qui voulait justement « un responsable faible, malléable et prêt à céder en lieu et place du présumé détaché et autoritaire Thabo Mbeki ». « La coalition comprenant le COSATU, le parti communiste et la Ligue de la jeunesse de l’ANC, soutenue par différents journalistes et porte-parole savait exactement qui elle promouvait à l’époque. La réputation de corruption, de malhonnêteté, de clientélisme et d’autopromotion qui accompagnait Jacob Zuma ne les a absolument pas préoccupés attendu qu’ils nous l’ont appliqué, mettant ainsi en mouvement la décennie désastreuse qui a entaché notre réputation et nous a porté en arrière au plan économique, institutionnel et politique. Par ailleurs, tous les responsables de la création du « 'Zumanami' » ne se sont pas encore excusés devant la nation ».
Il faut cependant dire, souligne l’analyse, que Jacob Zuma s’est retiré en affirmant que « aucune vie ne doit être perdue en mon nom », un fait qui fait honneur à la démocratie sud-africaine par rapport à d’autres cas comme ceux de la République démocratique du Congo, de l’Ouganda ou du Venezuela. (L.M.) (Agence Fides 16/02/2018)


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