ASIE/AFGHANISTAN - Témoignage du responsable de la Mission sui iuris sur la situation actuelle dans le pays

jeudi, 25 janvier 2018 violence   terrorisme   paix   islam politique   prétendu "etat islamique"   droits fondamentaux   minorités religieuses   liberté religieuse   christianisme   eglises locales   mission   ordres religieux   missionnaires   politique  

Save the Children

Enfants afghans

Kaboul (Agence Fides) – « Les derniers attentats ont été terribles. Etant enfermé dans l’Ambassade, je n’ai pas à disposition de nouvelles directes. Je sais ce que racontent les moyens de communication de masse. Je crois que l’Afghanistan se trouve au centre de jeux de pouvoir entre les grandes puissances, régionales et mondiales. Je dois dire, avec grande souffrance, qu’actuellement je ne parviens pas à voir la lumière au bout du tunnel ». Tel est le témoignage rendu à l’Agence Fides par le Père Giovanni Scalese, Barnabite résidant à Kaboul et responsable de la Mission sui iuris d’Afghanistan après les derniers attentats sanglants qui ont bouleversé le pays.
Au cours de la journée d’hier, 24 janvier, trois membres de l’équipe de l’ONG « Save the Children » sont morts dans un attentat suicide ayant frappé le siège de l’association à Jalalabad, dans l’est du pays, alors que 24 autres personnes ont été blessées. L’ONG, présente en Afghanistan depuis 1976, a suspendu ses activités dans le pays. L’attaque arrive quelques jours après l’attentat perpétré par quatre hommes armés, dont un kamikaze, contre l’hôtel Intercontinental de Kaboul, qui a fait 43 victimes.
La mission des Barnabites en Afghanistan a sa base à l’intérieur de l’Ambassade d’Italie à Kaboul, où la présence catholique fut admise au début du XX° siècle comme simple assistance spirituelle diplomatique pour être ensuite élevée à Missio sui iuris en 2002 par Saint Jean Paul II. Le Père Scalese raconte à Fides : « Trois ans ont passé depuis le 11 janvier 2015, jour où, au cours de la fête du Baptême de Notre Seigneur Jésus Christ, j’ai pris possession canonique de la Mission. Il s’est agit de trois années intenses. Je ne me suis pas du tout ennuyé : je vois que les jours, les semaines, les mois, les années passent rapidement, malgré l’apparente inactivité à laquelle la situation actuelle contraint ».
Le Barnabite raconte ne pas pouvoir sortir du complexe diplomatique : « La situation générale de l’Afghanistan ne tend pas à s’améliorer. Au contraire, je dirais qu’elle se dégrade progressivement. Lorsque, immédiatement après la chute du régime des talibans, fut érigé la Missio sui iuris, la condition du reste du pays était très instable mais elle était plutôt tranquille à Kaboul. Il était possible de sortir librement et d’avoir une vie presque normale. Déjà, lorsque je suis arrivé en 2015, l’impression que j’ai eue fut celle d’une ville en état de siège. Suite à l’attentat du 31 mai 2017 contre l’Ambassade d’Allemagne – qui fit quelques 150 victimes – la zone verte, dans laquelle se trouvent les édifices du gouvernement et les représentations diplomatiques, est devenue une véritable forteresse de laquelle il n’est pas conseillable de sortir et dans laquelle il est difficile d’entrer ». Dans cette situation difficile, il remarque : « Nous continuons à confier à Dieu la population afghane et l’avenir du pays, en faisant confiance dans le fait que le Seigneur pourra donner un temps de paix, de réconciliation, de bien-être et de développement ». « La Mission catholique afghane tient allumée, dans les limites imposées par la situation, la flamme de l’espérance et de la foi dans un contexte, au moins apparemment, imperméable à l’Evangile. Au travers de ses pauvres activités, elle rend témoignage. Un témoigne certes circonscrit mais significatif d’amour désintéressé pour les plus humbles mais surtout, au travers de l’Eucharistie, elle rend le Christ réellement présent également dans cette région reculée d’Asie centrale » observe le Père Scalese.
Outre le religieux, la présence catholique dans la capitale afghane, Kaboul, est assurée également par les religieuses de Mère Teresa de Calcutta et par l’Association intercongrégationnelle Pro Bambini de Kaboul. Jusqu’en 2016, étaient également présentes les Petites Sœurs de Charles de Foucauld, arrivées sur ce territoire dans les années 1950. « En outre, les forces militaires disposent de leur organisation interne, y compris du point de vue spirituel. Par exemple, au sein de la base OTAN de Kaboul, est présent un aumônier catholique et les troupes italiennes stationnées à Herat disposent, elles aussi, de leur aumônier » conclut le Père Scalese. (LF) (Agence Fides 25/01/2018)


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