AMERIQUE/ PEROU - La nature de la vie, de la foi et de l’Eglise selon le Pape

samedi, 20 janvier 2018 françois   prêtres   ordres religieux   eglises locales   mission  

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Trujillo (Agence Fides) – La vie, la foi et l’Eglise ne commencent pas avec nous. Pour le disciple chrétien, il est bon de reconnaître « qu’il n’est et ne sera jamais le Messie ». Les prêtres, les personnes consacrés et tous ceux qui sont impliqués dans l’annonce apostolique de l’Eglise ne doivent pas avoir la prétention de « remplacer le Seigneur » par leurs œuvres, leurs activités et leurs missions. Leur appel s’accomplit plutôt lorsqu’ils cheminent dans la joie derrière le Christ, sachant également « sourire d’eux-mêmes », en faisant mémoire du jour et de l’heure à laquelle ils ont été « touchés par le regard du Seigneur », et en reconnaissant que la foi se communique « par contamination », y compris « dans le monde broyé dans lequel ils ont à vivre ». Le discours adressé par le Pape François lors de la rencontre intervenue au Collège Séminaire Saints Charles et Marcel dans l’après-midi du 19 janvier aux prêtres, religieux, religieuses et séminaristes du nord du Pérou a été rempli d’accents libératoires et de suggestions concrètes.
Une foi mémorielle
« Notre foi, notre vocation – a déclaré le Pape, en se référant à Saint Toribio de Mogrovejo et aux générations d’évangélisateurs s’étant formés au Séminaire des Saints Charles et Marcel - font mémoire, car elles savent reconnaître que ni la vie, ni la foi, ni l’Église ne commencent par la naissance de qui ce soit parmi nous : la mémoire regarde le passé pour trouver la sève qui a irrigué durant des siècles le coeur des disciples, et ainsi elle reconnaît le passage de Dieu dans la vie de son peuple ».
« Nous ne sommes pas le Messie » »
Ainsi que cela arrive déjà à Saint Jean Baptiste – a poursuivi le Pape – tout disciple chrétien sait qu’il « n’est pas, ni ne sera jamais le Messie, mais qu’il est uniquement appelé à indiquer le passage du Seigneur dans la vie de son peuple. Nous, consacrés, nous ne sommes pas appelés à supplanter le Seigneur, ni par nos oeuvres, ni par nos missions, ni par nos innombrables activités ». Aux prêtres et religieux, il est seulement demandé de « travailler avec le Seigneur, coude à coude, mais sans jamais oublier que nous n’occupons pas sa place ». La mission consistant à annoncer l’Evangile porte justement à œuvrer sans jamais oublier que « nous sommes des disciples de l’unique Maître. Le disciple sait qu’il passe et passera toujours après le Maître. C’est la source de notre joie. Il faut que nous sachions que nous ne sommes pas le Messie! » Cette reconnaissance libère de la tentation de « nous croire trop importants » et également à rire de soi-même, qui constitue le digne que l’on n’est pas victime de « néo-pélagianisme «autoréférentiel et prométhéen de ceux qui, en définitive, font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres ».
Touchés par Son regard
Sur les traces des Apôtres qui – comme l’attestent les Evangiles – se rappelaient du jour et de l’heure de leur première rencontre avec Jésus, le Pape François a invité ses interlocuteurs à « se rappeler cette heure, ce jour clef pour chacun d’entre nous, où nous nous sommes rendus compte que le Seigneur attendait quelque chose de plus. La mémoire de cette heure où nous avons été touchés par Son regard. Chaque fois que nous oublions cette heure, nous oublions nos origines, nos racines; et en perdant ces repères fondamentaux, nous laissons de côté la chose la plus précieuse qu’un consacré puisse posséder : le regard du Seigneur ».
Les « premiers pas » dans la spiritualité du peuple
L’invitation à faire mémoire de l’histoire à laquelle on appartient et du premier appel reçu de Jésus – a souligné le Souverain Pontife – embrasse également la gratitude pour les prières apprises en tant qu’enfant. « Beaucoup d’entre nous, au moment d’entrer au Séminaire ou dans la maison de formation, nous avons été encouragés par la foi de nos familles et de nos voisins. C’est ainsi que nous avons fait nos premiers pas, soutenus souvent par les manifestations de la piété populaire ». Le peuple péruvien – a ajouté le Saint-Père a manifesté un grand attachement à Jésus Christ, à la Vierge ainsi qu’aux saints dans les « formes splendides » de la dévotion populaire, au travers des visites aux sanctuaires, où, souvent les pèlerins prennent des décisions « qui marquent leur vie ». Le Pape a invité les prêtres et les religieux péruviens à ne pas se transformés en « professionnels du sacré » qui oublient votre peuple, d’où le Seigneur vous a pris. Ne perdez pas la mémoire et le respect envers qui vous a appris à prier ». Le Pape, improvisant, a rappelé que, le mois dernier, au cours d’une réunion avec les Maîtres des Novices et les Pères spirituels, « a été posée une question : comment enseignons-nous à prier à ceux qui entrent ? Il est possible d’utiliser un manuel, ou de dire : d’abord faire ceci puis cela, mais, en général, les hommes et les femmes les plus sages qui ont cette charge de Maîtres des Novices ou de Pères spirituels – a expliqué le Pape – doivent continuer à prier comme ils ont appris chez eux et ensuite, petit à petit, le faire avancer dans un autre type de prière », c’est-à-dire prier « comme l’ont enseigné la maman ou la grand-mère. Telle est la foi à suivre. Ne méprisez pas la prière « faite maison » parce qu’elle est la plus forte ».
Un signe de gratitude
Une caractéristique qui confirme la bonté et l’authenticité du chemin accompli par les prêtres et les consacrés – a insisté le Pape – est le don d’une conscience reconnaissante « élargit le coeur et nous incite au service. Sans reconnaissance, nous pouvons être de bons exécuteurs du sacré, mais il nous manquera l’onction de l’Esprit pour devenir serviteurs de nos frères, surtout des plus pauvres. Le peuple fidèle de Dieu a du flair et sait distinguer entre le fonctionnaire du sacré et le serviteur reconnaissant. Il sait faire la différence entre celui qui fait mémoire et celui qui oublie. Le peuple de Dieu est endurant, mais il reconnaît celui qui le sert et le soigne avec l’huile de la joie et de la gratitude ».
Une foi contagieuse
En considérant l’histoire des premiers disciples, d’André, qui court raconter à son frère, Simon Pierre, la rencontre avec Jésus, le Saint-Père a rappelé que, depuis lors et pour toujours, la foi chrétienne se communique par contamination de grâce et non au travers de stratégies sophistiquées de prosélytisme. « . La foi en Jésus est contagieuse, elle ne peut ni se confiner ni être enfermée; ici, on voit la fécondité du témoignage : les disciples nouvellement appelés attirent, à leur tour, d’autres à travers leur témoignage de foi, de la même manière que dans le passage de l’évangile, Jésus nous appelle à travers d’autres personnes. La mission jaillit spontanément de la rencontre avec Jésus. André commence son apostolat par les plus proches, par son frère Simon, presque comme quelque chose de naturel, en rayonnant de joie. C’est le meilleur signe que nous avons ‘‘découvert’’ le Messie ».
« Dans le monde divisé dans lequel nous vivons »
Le miracle d’une foi qui se communique par contamination peut avoir lieu y compris « dans le monde divisé dans lequel nous vivons » et la fragmentation – a remarqué le Pape – ne concerne pas seulement le monde mais aussi l’Eglise : « les divisions, les guerres, les isolements, nous les vivons également dans nos communautés (…) On nous demande d’être des artisans de communion et d’unité; ce quine revient pas à penser tous de la manière, à faire tous la même chose ». En reconnaissant que « seul le Seigneur a la plénitude des dons, lui seul est le Messie. Et il a voulu partager ses dons de telle manière que nous puissions tous offrir le nôtre en nous enrichissant avec celui des autres ». (GV) (Agence Fides 20/01/2018)

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