AFRIQUE/TUNISIE - Commentaires du Curé de Carthage concernant la situation actuelle dans le pays, sept ans après la révolution

vendredi, 12 janvier 2018 economie   démocratie   société civile  

Tunis (Agence Fides) – « Il existe un problème économique qui devient par la suite de nature sociale » déclare à l’Agence Fides le Père Jawad Alamat, Curé de Carthage et Secrétaire général des Ecoles catholiques, commentant les récentes protestations qui ont secoué différentes zones de Tunisie. « La révolution de sept ans en arrière reposait sur deux revendications : la liberté et la démocratie, avec comme corollaires les droits civils et politiques d’un côté, et de l’autre la justice sociale et par suite des postes de travail et l’amélioration des conditions de vie » explique le Père Alamat.
« Sur le premier dossier, celui de la démocratie, la Tunisie a connu un développement incroyable et il est possible de dire qu’elle est parvenue à répondre aux attente de la majeure partie de ses citoyens. Il suffit de penser à la nouvelle Constitution, à la reconnaissance des libertés fondamentales, au chemin démocratique fait d’élections libres qui ont vu une forte mobilisation de la société civile. Une maturité politique et démocratique a ainsi été atteintes, avec de fortes distinctions par rapport à d’autres parties du monde arabe » déclare le prêtre.
« Il n’en demeure pas moins que reste le problème économique, lié non seulement à la situation locale mais aussi régionale. Les jeunes tunisiens au cours de ces sept ans depuis la chute du régime de Ben Ali ont fortement espéré trouver des postes de travail, lesquels ne se sont malheureusement pas matérialisés. Au contraire, le coût de la vie a augmenté, notamment du fait de la dévaluation du dinar tunisien, alors que les salaires sont demeurés bas » déclare le Père Alamat.
Selon le prêtre, au moins 778 personnes auraient été arrêtées dans le cadre des affrontements avec la police dans différentes localités tunisiennes ces jours derniers.
« Au milieu de ces protestations, se sont infiltrés des éléments criminels qui profitent des manifestations pour saccager et voler dans des commerces et des offices publics » commente le prêtre. « On a eu ainsi des incidents graves ayant fait des centaines de blessés dont plusieurs agents de police. La majorité des tunisiens ne veut cependant pas les violences et les saccages même si elle est d’accord sur les motifs de la protestation ».
Après des jours de tension, il semble que le calme soit revenu, à part quelque incident sporadique à Siliana, dans le nord-ouest du pays.
« D’autres protestations sont cependant prévisibles. Dimanche 14 janvier, à l’occasion du 7ème anniversaire de la révolution, est prévue une grande manifestation à Tunis. Le gouvernement et les institutions doivent donc prendre en charge le malaise social » conclut le Père Alamat. (L.M.) (Agence Fides 12/01/2018)


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