AMERIQUE/NICARAGUA - Quarantième anniversaire de l’assassinat de Pedro Joaquín Chamorro, encore source d’inspiration chrétienne pour les nicaraguayens

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Quarantième anniversaire de l’assassinat de Pedro

La Prensa

Quarantième anniversaire de l’assassinat de Pedro Joaquín Chamorro, encore source d’inspiration chrétienne pour les nicaraguayens

Managua (Agence Fides) – « Nous nous souvenons tous de Pedro Joaquín Chamorro. Il s’agissait de quelqu’un de proche et qui se préoccupait des autres, en particulier des personnes les plus pauvres et les plus souffrantes. Il a également pris des risques à de nombreuses reprises afin que les nicaraguayens puissent mieux vivre, dans une société démocratique, juste et libre. Pedro Joaquín Chamorro savait comment vivre et souffrir pour les autres, une attitude profondément chrétienne qui ne devrait pas nous surprendre parce que ce n’est un secret pour personne qu’à la base de sa conscience sociale et de son engagement professionnel et politique se trouvait sa formation chrétienne et son rapport avec l’Eglise et sa Doctrine sociale. Un chrétien est passionné par la vie, capable même de mettre en danger la sienne afin que d’autres puissent l’avoir. C’est quelqu’un qui porte le réconfort, la compassion et l’espérance où qu’il aille. Un chrétien irradie la joie, diffuse la liberté. Il crée et rêve un monde nouveau ». C’est en ces termes que l’Evêque auxiliaire de Managua, S.Exc. Mgr Silvio José Baez, a fait mémoire, hier soir, de Pedro Joaquín Chamorro, au cours d’une Messe célébrée à l’occasion du 40ème anniversaire de son assassinat, le 10 janvier 1978, Messe qui a été présidée par S.Em. le Cardinal Leopoldo Brenes, Archevêque de Managua.
Pedro Joaquín Chamorro Cardenal (1924-1978) était journaliste, écrivain et homme politique nicaraguayen. Il s’opposa au gouvernement de Luis Somoza Debayle et à la dictature d’Anastasio Somoza Debayle. Directeur du quotidien La Prensa, il a été assassiné en 1978. En 2012, il a été officiellement déclaré héros national du Nicaragua sous le titre de martyr des libertés publiques, au travers d’un décret législatif de l’Assemblée nationale du Nicaragua. Depuis le jour de son assassinat, il était honoré comme martyr par le peuple nicaraguayen sans distinctions idéologiques ou politiques. Sa veuve, Violeta Barrios de Chamorro, a été Président du Nicaragua de 1990 à 1996.
« Aujourd’hui, voici quarante ans, sa mort a fait bouger les fondations de notre pays. La vie lui a été enlevée mais il a laissé une histoire et un héritage admirable d’intégrité, enracinée dans les valeurs humains et chrétiens permanents tels que la dignité humaine, la justice sociale et la liberté, valeurs qu’il a vécus au travers d’un engagement tenace en faveur de la construction d’un pays qui a combattu et continue à lutter pour redevenir une république, comme il eut lui-même à le dire. Homme et chrétien, père et mari, ami et citoyen, avocat et journaliste exceptionnel, homme politique intègre, victime de la force irrationnelle de la violence, héros national : nous voulons aujourd’hui nous souvenir de lui dans le cœur du Ressuscité dans la communion de l’Eglise » a continué l’Evêque dans son homélie.
« Dans l’Evangile que nous venons d’écouter, nous avons vu que Jésus ne connaissait pas l’indifférence mais était attiré par les souffrances des autres et qu’Il n’a pas hésité à s’approcher pour porter l’espérance et le réconfort. Dans la maison de Simon Pierre, à Capharnaüm, il s’approche de sa belle-mère, qui est malade et alliée, en lui tenant la main, Il la soulève (Mc 1,29-31). Le fait de prendre la main est un geste de proximité et de soutien qui veut transmettre une nouvelle force. Jésus est la main que Dieu tend à tous les hommes qui ont besoin de force, de soutien, de compagnie et de protection. Telle est l’expérience des croyants le long de toute leur vie. Soutenu par la main de Jésus, ils allongent leur main vers les autres. La main de Jésus s’étend sous la forme de la nôtre. Combien manquent des mains fraternelles engagées dans l’amour, des mains qui encouragent, qui soutiennent et qui guident les autres ! En revanche, il y a déjà assez de mains qui accumulent de manière égoïste, qui excluent ou qui maltraitent et tuent impunément. Nous avons besoin de mains qui se tendent pour partager, de mains sincères qui promeuvent des relations amicales, de mains qui donnent confiance, tendues avec sincérité pour accueillir ceux qui pensent différemment et pleines de charité pour aider les plus pauvres et les souffrants » a commenté Mgr Baez se référant à la péricope évangélique.
« La vie et la pensée de Pedro Joaquín Chamorro constituent une référence et un idéal nécessaire pour inspirer une nouvelle génération de citoyens nicaraguayens qui doivent conduire le pays vers une démocratie mure, participative, sans les défauts de la corruption, de la colonisation idéologique, les prétentions autocratiques et les démagogies de bas étage, une nouvelle génération qui surmonte l’indifférence et la peur et s’efforce de construire une société fondée sur la justice sociale et la liberté, sur l’usage responsable des biens de la Création et sur le développement durable, dans la fraternité, l’inclusion sociale et la pluralité idéologique » a conclu Mgr Baez. (CE) (Agence Fides 11/01/2018)


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