AMERIQUE/PEROU - Déclarations d’Evêques contestant l’opportunité de la remise de peine accordée à l’ancien Président et réactions dans le pays

jeudi, 28 décembre 2017 droits fondamentaux   politique   violence   démocratie   evêques  
Déclarations d’Evêques contestant l’opportunité de

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Déclarations d’Evêques contestant l’opportunité de la remise de peine accordée à l’ancien Président et réactions dans le pays

Lima (Agence Fides) – Découragement et déception outre à une certaine confusion politique, tel est le climat qui règne au Pérou après qu’à la veille de Noël, le Président Pedro Pablo Kuczynski ait indiqué avoir accordé une remise de peine à l’ancien Président Alberto Fujimori, condamné et en détention pour « crimes contre l’humanité ».
Le Président Kuczynski avait à peine encaissé le soutien du Congrès – 78 voix contre 19 et 21 abstentions – le 21 décembre lui permettant de poursuivre son mandat après avoir été accusé de corruption et d’incapacité morale par l’opposition, conduite par les enfants d’Alberto Fujimori.
Face aux menaces de manifestations et de protestations, la Conférence épiscopale avait demandé le 20 décembre à « penser au bien commun et à la démocratie », en évitant la violence mais en condamnant toujours la corruption (voir Fides 20/12/2017).
La nouvelle de la remise de peine accordée à l’ancien Président cause actuellement de nombreuses réactions dans l’opinion publique et parmi les responsables politiques. Le Ministre de la Culture a donné sa démission et de nombreuses personnes sont descendues dans les rues pour manifester contre la « liberté offerte à l’auteur d’un génocide » selon divers titres de la presse locale. « Non à la grâce » ont scandé les manifestants le jour même de Noël, au cours des protestations ayant débuté la veille. Le 25 décembre, la foule a tenté d’atteindre l’hôpital dans lequel l’ancien Président Fujimori se trouve depuis le 23 pour un abaissement de tension artérielle, mais elle a été bloquée par la police. Alberto Fujimori, 79 ans, a reçu une remise de peine du fait de ses conditions de santé précaires, alors qu’il avait été condamné en 2009 à 25 ans de réclusion pour crimes contre l’humanité.
L’Eglise catholique a invité au calme tout en critiquant durement la manière dont a été menée l’affaire. L’Evêque de Chimbote, S.Exc. Mgr Ángel Francisco Simón Piorno, a affirmé que le pardon accordé à l’ancien Président Alberto Fujimori constitue une décision inopportune qui a déstabilisé et bouleversé le pays. « Ce n’est pas le bon moment pour pardonner Fujimori. Le Pérou est déstabilisé et dans cette situation, arrivera le Pape François. Par suite, je crois que son accueil ne sera pas le même au milieu d’une crise nationale » a-t-il déclaré.
L’Evêque a également expliqué que les excuses de Fujimori doivent être plus détaillées et fortes par rapport à celles que l’ancien Président a déjà présentées dans une vidéo transmise sur les réseaux sociaux. Il doit présenter ses excuses aux familles des victimes de Barrios Altos, La Cantuta et d’El Santa, entre autres.
L’Evêque de Chiclayo, S.Exc. Mgr Robert Prevost, a, lui aussi, évoqué le pardon accordé à l’ancien Président, déclarant que ce dernier devrait présenter des excuses à chacune des victimes de son gouvernement afin d’entrer dans un chemin de réconciliation. « L’ancien Président, Alberto Fujimori, a demandé pardon de manière générique, reconnaissant en termes généraux sa culpabilité et certains se sont sentis offensés. Peut-être de sa part aurait-il été plus efficace demander personnellement le pardon pour certaines graves injustices commises et pour lesquelles il a été jugé » a déclaré Mgr Prevost à la presse locale.
L’Evêque a également demandé aux manifestants qui rejettent la remise de peine accordée de s’exprimer pacifiquement dans les rues, sans insultes ni violences, de manière à ne pas créer de nouvelles divisions. (CE) (Agence Fides 28/12/2017)


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