J. K. Z. Hmung
Yangon (Agence Fides) – Au cours de sa visite apostolique au Myanmar, le Pape François utilisera un pastoral en bois réalisé de manière artisanale et offert par les réfugiés catholiques appartenant à la minorité ethnique Kachine qui se trouvent actuellement dans le camp de la ville de Winemaw, au sein de l’Etat Kachin, dans le nord du pays, dont la population est en majorité chrétienne. C’est ce qu’indique à Fides Joseph Myat Soe, laïc catholique actif dans la région, expliquant que les fidèles kachins se trouvent désormais dans le camp de Winemaw à cause de la guerre civile en cours entre l’armée birmane et des groupes armés kachins, guerre qui représente l’un des conflits à base ethnique en cours dans le pays dont la population est composée en majorité de bamars (birmans) et de 135 minorités ethniques et linguistiques.
Ainsi que l’affirme Joseph Myat Soe, les évacués kachins offrent ce pastoral de bois au Saint-Père « dans l’espoir que la paix soit ramenée dans l’Etat Kachin, attendu qu’il ne leur sera pas possible de participer à la Messe, à Yangon, à cause de leur indigence ».
L’Evêque auxiliaire de Yangon, S.Exc. Mgr John Saw Han, confirme à Fides que « malgré la guerre civile en cours et les problèmes économiques, quelques 5.000 catholiques kachins se trouveront à Yangon pour rencontrer le Saint-Père et prier avec lui pour la paix dans leur région ». Les jeunes kachins feront en particulier tout le possible pour s’y rendre parce qu’ils « considèrent qu’il s’agit là d’une opportunité unique de voir le Pape et prier avec lui » remarque l’Evêque.
La guerre civile entre l’armée pour l'indépendance du Kachin (KIA) et l’armée birmane dure depuis 1965. En 2010, un cessez-le-feu avait été négocié mais il a été violé en 2015. La guerre a contraint des centaines de milliers de kachins – l’un des sept principaux groupes ethniques du Myanmar – à fuir et à trouver refuge dans les camps d’évacués.
L’Eglise locale les soutient. Dans le Diocèse de Myitkyina, sont présents plus de 8.000 évacués qui ne peuvent retourner dans leurs villages du fait de la violence qui continue à sévir. La Caritas les assiste, en cherchant également à faire en sorte qu’ils puissent cultiver la terre afin de contribuer à leur subsistance.
Les Evêques birmans dénoncèrent l’an dernier le fait que « plus de 150.000 personnes languissent dans les camps d’évacués, réduites à la condition d’évacués et dans l’attente d’aides internationales », déplorant « une guerre chronique (qui) a produit seulement des perdants, à savoir des personnes innocentes abandonnées dans les camps alors que leurs terres sont parsemées de bombes, que le trafic d’êtres humains fait rage, que la drogue représente une condamnation à mort pour les jeunes kachins et que les ressources naturelles, telles celles des mines de jade, sont saccagées. Ceci est la principale cause du conflit » remarquaient-ils.
Dans la zone, des espoirs de paix étaient nés suite à la conférence sur la réconciliation avec les minorités organisée par le gouvernement birman en septembre 2016 mais cette conférence n’a pas eu d’impact réel sur la réalité des kachins, alors que la présence militaire demeure forte au sein de l’Etat.
Quatre Evêques sont présents au sein de la région des kachins, connue comme la « terre des joyaux » pour son sous-sol riche en or et en jade. Les Diocèses présents sur le territoire de l’Etat sont au nombre de deux - Myitkyina et Banmaw – alors que les prêtres sont environ 70 assistant 70.000 fidèles au total.
Le Saint-Père arrive à Yangon, ancienne capitale du Myanmar, le 27 novembre, et se rendra en avion à Nay Pyi Taw, capitale administrative du pays, où il rencontrera les autorités politiques et la société civile le 28. (JZH-PA) (Agence Fides 27/11/2017)