ASIE/INDE - Alarme de l’Archevêque émérite de Shilong concernant l’augmentation du nombre des crimes commis à l’encontre des dalits

lundi, 16 octobre 2017 dalit   hindouisme   société civile   violence   discrimination   eglises locales   droits fondamentaux  

New Delhi (Agence Fides) – « Les atrocités croissantes à l’encontre des dalits donnent l’impression que l’Inde est en train de retourner à l’époque de Manu Smriti, lorsque les dalits étaient traités plus mal encore que les esclaves ». C’est ce que déclare à Fides l’Archevêque émérite de Shillong, S.Exc. Mgr Thomas Menaparampil, lequel, outre son long gouvernement pastoral de cette circonscription du nord-est de l’Inde, a également à son actif une longue période passée à la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie, et se réfère en cela à l’antique système basé sur les textes sacrés hindous remontant à 100 après le Christ.
Les parias ou dalits – erronément dénommés intouchables, la signification correcte étant oppressés NDR – sont les hors castes, qui forment une sorte de cinquième caste au sein du système social et religieux hindouiste, laquelle comprend également les populations tribales.
« Les moyens de communication ont récemment indiqué qu’un dalit de 21 ans avait été frappé à mort probablement par un groupe d’homme appartenant à une caste supérieure dans le district d’Anand, au Gujarat. Selon les nouvelle, il a été tué seulement pour des motifs liés à la caste, explique Mgr Menaparampil.
Dans le cadre d’un autre incident, deux dalits ont été roués de coups à la fin du mois de septembre dans le village de Limbodra du district de Gandhinagar. Des activistes dalits ont protesté à Gandhinagar le 4 octobre, signalant le niveau croissant des violences à l’encontre des dalits. En juillet 2016, quatre dalits ont été ligotés à une voiture et fouettés pour avoir soi-disant provoqué la mort d’une vache, alors qu’ils en enlevaient seulement la carcasse.
« Au cours des élections de Lok Sabha, en 2014, le Premier Ministre, Narendra Modi, avait évoqué le modèle de développement du Guajarat comme un idéal. Les atrocités commises contre les dalits dans cet Etat confirment que quelque chose est fondamentalement erroné dans le modèle social en question. Le gouvernement du Gujarat n’a pas réussi à bloquer la discrimination envers les dalits et les attaques contre les innocents se poursuivent » relève Mgr Menamparampil.
De récentes études et enquêtes mettent en évidence une discrimination diffuse vis-à-vis des dalits, en particulier dans les districts ruraux. L’organisation Dalit Sangathan Gujarat, qui en défend les droits, parle « d’attitude léthargique du gouvernement du Gujarat ». « Le gouvernement avait assuré que le cas des dalits fouettés en public serait affronté en 60 jours. Un an après, les 12 inculpés sont en liberté sous caution. En de telles circonstances, comment espérer dans la justice de ce système ? ».
La Constitution indienne prévoit une action rigoureuse à l’encontre des atrocités contre les dalits mais la loi n’est pas appliquée. Le 3 octobre dernier, le quotidien indien Times of India mentionnait les chiffres des délits commis à l’encontre de dalits. « Les cas d’atrocités contre les hors castes ont augmenté de manière drastique, passant de 26.127 en 2005 à 45.003 en 2015. Les analystes affirment qu’après l’accession au pouvoir du Baratiya Janata Party (BJP) au niveau fédéral, les atrocités à l’encontre des dalits ont augmenté ».
Selon l’Archevêque émérite, « le BJP a adopté différentes stratégies pour capturer les voix des dalits mais, d’autre part, les organisations extrémistes hindoues qui appuient ce parti, telles que le Sangh Parivar et le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), n’ont pas changé de mentalité et glorifient l’époque de Manu Smriti ». Selon un idéologue du RSS, un certain Savarkar, « le code Manu Smriti est une écriture adorable pour notre nation hindoue et il constitue la base de notre culture, de nos mœurs, de nos pensées et de nos pratiques ». Parmi ces pratiques, nombre ont un caractère discriminatoire et même de dérision envers les dalits.
« Des groupes tels que le Sangh Parivar voudraient le réintroduire dans l’Inde actuelle ou tenir les dalits et les populations tribales au sein de la nation mais sans leur accorder parité de dignité, de droits et de libertés » explique à Fides le Père Suresh Mathew, OFM, un franciscain indien. Il ajoute : « Tant que restera aux affaires un gouvernement influencé et guidé par l’idéologie de l’hinduité et par Manu Smriti, les discriminations et les violences à l’encontre des dalits sont destinées à augmenter. La nouvelle génération de responsables des dalits doit travailler conjointement avec les forces séculières afin d’empêcher la dérive de la société indienne en direction de Manu Smriti ». (PN-PA) (Agence Fides 16/10/2017)


Partager:
dalit


hindouisme


société civile


violence


discrimination


eglises locales


droits fondamentaux