Lahore (Agence Fides) – Le gouvernement de la région pakistanaise du Sindh, dans le sud du pays, a émis fin septembre un avis de concours public relatif à des postes dans l’administration des forces de police. Parmi les postes à pourvoir, se trouvent des postes de préposés à la maintenance, de mécanicien automobile, d’ouvrier et de responsable du nettoyage. Pour ce dernier poste, l’avis précise qu’il est réservé aux seuls non musulmans. Il s’agit là d’une discrimination religieuse institutionnalisée.
« Cette mention constitue une violation flagrante de l’article 26 de la Constitution du Pakistan qui, parmi les droits fondamentaux, évoque expressément la non discrimination dans l’accès aux emplois publics à l’égard de tous les citoyens » remarque pour Fides Anjum James Paul, enseignant pakistanais catholique et Président de la Pakistan Minorities Teachers’ Association (PMTA). Anjum James Paul a été le camarade de classe de Shahbaz Bhatti, le Ministre catholique assassiné, et en a partagé l’engagement en faveur des droits fondamentaux et de la promotion des minorités présentes dans le pays. Il affirme aujourd’hui à Fides : « Il s’agit d’une discrimination d’Etat, d’un traitement honteux réservé aux minorités religieuses. Selon la Constitution, tous les citoyens ont les mêmes droits et devoirs. Il est temps de mettre fin à cette pratique discriminatoire en vogue non seulement dans les rapports sociaux mais également au sein des institutions et des structures publiques. Le gouvernement régional du Sindh devrait également respecter la norme prévoyant de réserver aux minorités religieuses 5% des postes publics disponible de tout niveaux, car il ne le fait pas ».
Le professeur ajoute : Le thème de la discrimination des minorités religieuses au Pakistan revient cycliquement dans le débat public à l’occasion de la Journée nationale des minorités, le 9 août de chaque année. « Les citoyens pakistanais non musulmans sont contraints à accepter des postes de travail les plus humbles, qui leur sont réservés, tels que ceux de responsables du nettoyage, de brancardiers, de domestiques, de balayeurs, qui proviennent de l’antique conception reposant sur les castes » a rappelé Samson Salamat de l’organisation Rwadari Tehreek.
Les minorités religieuses au Pakistan se souviennent du discours bien connu d’Ali Jinnah, fondateur du Pakistan, qui, le 11 août 1947, devant l’Assemblée constituante, déclara : « Nous sommes tous citoyens égaux d’un Etat. Nous devrons maintenir ce principe devant nous comme notre idéal. Ainsi on découvrira au fil du temps que les hindous cesseront d’être hindous et les musulmans d’être musulmans, non pas au sens religieux, parce que telle est la foi personnelle de chaque individu, mais au sens politique en tant que citoyens de l’Etat ».
Depuis la naissance du Pakistan, en 1947, les minorités religieuses furent conçues comme « partie intégrante de la nation » par Ali Jinnah, au point que leur présence est symboliquement incluse dans le drapeau national dont la partie verte représente la majorité musulmane, alors que la blanche indique les minorités non musulmanes.
Aujourd’hui, les forums de la société civile demandent au gouvernement un ensemble de révisions constitutionnelles afin de mettre un terme aux discriminations et aux préjudices, garantissant aux minorités religieuses une participation politique effective et une représentation.
Le Pakistan est caractérise par un pluralisme religieux, ethnique et linguistique. Les musulmans représentent plus de 90% d’une population de 180 millions de personnes, mais sont également présentes des minorités ahmadie, chrétienne, bahaï, bouddhiste, hindouiste, jaïniste, juive, farsi et sikh qui constituent globalement environ 8% de la population. (PA) (Agence Fides 06/10/2017)