ASIE / INDONESIE - A ATJEH OU LA TENSION MONTE ENTRE LES REBELLES ET L’ARMEE REGULIERE, IL RESTE UN SEUL BASTION CATHOLIQUE : LA PAROISSE FRANCISCAINE

vendredi, 9 mai 2003

Djakarta (Agence Fides) – La tension monte dans la province indonésienne de Atjeh, dans la partie située dans l’extrême nord de l’île de Sumatra ; le Père Ferdinando Severi, O.F.M., curé de l’église du Sacré-Cœur de Jésus dans la ville de Banda Atjeh, l’unique paroisse de la province, invite la petite communauté de 1.800 catholiques à ne pas s’enfuir et à rester à Atjeh pour prier et pour travailler pour la paix. Le 12 mai, c’est la fin de l’ultimatum lancé par le gouvernement central aux groupes rebelles locaux, auquel il est ordonné de remettre leurs armes, sous la menace, dans le cas contraire, d’une opération militaire massive, avec plus de 50.000 soldats prêts à combattre.
La province de Atjeh est une des régions qui, depuis des années, crée des problèmes au gouvernement d’Indonésie. Dans la région, le « Free Aceh Movement » (GAM) est prospère ; c’est une formation favorable à l’indépendance qui, forte de 3.000 hommes, veut la sécession vis-à-vis de Djakarta et la création d’un Etat théocratique islamique. Les rebelles sont actifs à Atjeh depuis 1976, et depuis lors, des négociations de paix se sont alternées avec des moments de forte tension et d’affrontements avec l’armée régulière.
Récemment, le gouvernement de Djakarta a concédé un statut « d’autonomie spéciale » à la province de Atjeh, en permettant que la « sharia » devienne loi civile pour la communauté locale, et en signant au mois de décembre 2002 un accord de cessez-le-feu. Mais la mesure n’a pas servi à calmer la lutte du GAM qui a relancé la demande d’un référendum pour l’indépendance, comme cela s’est produit à Timor Oriental. Le Président d’Indonésie, Madame Megawati Sukarnoputri, n’est pas disposée à remettre en discussion la souveraineté de l’Indonésie, et a alors décidé de changer de stratégie, en montrant aux rebelles « une poigne de fer », et en fixant l’ultimatum pour le désarmement des groupes armés.
A quelques jours de l’échéance de l’ultimatum, la tension est montée, et les gens commencent à s’enfuir de Atjeh : sur une population de 4.100.000 habitants de la province, des musulmans en majorité, de 300 à 400 catholique se sont enfuis, car ils sont déjà été éprouvés par la situation délicate qui consiste à vivre dans une région où la loi islamique règle la vie civile.
Dans ces circonstances, le Père Severi, Franciscain en mission à Atjeh depuis 10 ans, invite le gouvernement à faire preuve de plus de patience, et à éviter de grandes manœuvres militaires. « La plus grande partie de la population de Atjeh ne demande pas la liberté ou la sécession, mais la justice et la sécurité… Une attaque militaire ne résoudra pas le problème mais entraînera de plus grandes souffrances pour les civils… Les gens sont terrorisés par les rebelles du GAM et les militaires indonésiens, au point qu’ils ne sortent plus de chez eux ».
A Atjeh, de 1989 à 1999, les affrontements militaires et la violence généralisée ont ruiné la population civile. Aujourd’hui, les gens se rappellent cette période noire et s’enfuient : des centaines de membres de la communauté catholique ont abandonné leurs maisons, en se dirigeant vers le sud de Sumatra ; et le nombre des élèves catholiques a diminué dans les écoles de la province.
Le Père Severi invite les catholiques à ne pas être pessimistes, à donner un témoignage de foi : « en faisant de notre mieux pour affronter la situation avec calme, en priant et en travaillant ensemble pour la paix ». Même si Atjeh est une province islamique, conclut le Franciscain, l’Eglise catholique exerce normalement son ministère pastoral, et a de bons rapports avec les chefs musulmans locaux. (P.A.)(Agence Fides, 9 mai 2003, 47 lignes, 633 mots)


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