Niamey (Agence Fides) – « On savait depuis longtemps que la ville de Diffa avait été prise pour cible par Boko Haram. L’attaque d’hier ne constitue donc pas une surprise. Il faut cependant réfléchir au timing de l’attaque parce qu’elle a eu lieu juste avant que l’Assemblée nationale ne se réunisse pour délibérer sur la participation des troupes nigériennes aux opérations contre Boko Haram au Nigeria. La chose laisse perplexe différents observateurs locaux » indique à l’Agence Fides le Père Mauro Armanino, missionnaire de la Société des Missions africaines (SMA) qui vit et œuvre au Niger. La ville de Diffa, sise à 1.400 Km de Niamey, a subi un assaut de la part de miliciens de Boko Haram provenant du Nigeria voisin. Face à cette attaque, le Parlement de Niamey a donné son feu vert à la participation de troupes nigériennes à la Task Force mise en place par le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Bénin pour combattre la secte islamiste.
« On sait que diverses personnes fuient actuellement Diffa en direction de Zinder pour se rendre ensuite probablement dans la capitale, Niamey » indique le Père Armanino. Il s’agit là d’un potentiel élément de tension supplémentaire, notamment aux vues des récentes attaques antichrétiennes. « En effet, la préoccupation de la population monte – indique le missionnaire. Les attaques de Boko Haram viennent se greffer sur un sentiment d’intolérance croissante vis-à-vis de toute présence qui ne soit pas une certaine forme d’islam ». « Au Niger – explique le Père Armanino – l’islam qui, auparavant, était basé sur le soufisme, ressent des prédications et des ressources de ceux qui ont une vision extrémiste de la religion, à cause d’une situation sociale explosive provoquée notamment par la présence de milliers de jeunes privés d’avenir, sachant que Niamey compte désormais au moins 2 millions d’habitants ».
Récemment, ce sont les églises chrétiennes qui ont fait les frais de cette évolution (voir Fides 21/01/2015).
« Les désordres des 16 et 17 janvier, qui ont vu la destruction de différentes églises et missions catholiques, n’ont pas constitué une nouveauté dans la mesure où des épisodes similaires ont déjà eu lieu en 2012 à Maradi et à Zinder » remarque le Père Armanino. « La vraie nouveauté est constituée par l’importance des désordres et par l’acharnement avec lequel la foule a agi, indice d’un sentiment d’antichristianisme croissant, dont il ne pourra pas être tenu compte pour l’avenir ».
Le Père Armanino conclut en remarquant que « les responsables de l’Eglise ont fait noter aux plus hautes autorités de l’Etat que les chrétiens ont été, en quelque sorte, sacrifiés sur l’autel des intérêts de la politique. Il est en effet impossible qu’au cours de toutes ces heures durant lesquelles les églises étaient incendiées, il n’y ait pas eu une seule intervention de la part des pompiers ». (L.M.) (Agence Fides 10/02/2015)