AFRIQUE/RD CONGO - Pour une organisation de la société civile, la nouvelle loi électorale représente une victoire populaire même si existent encore des embûches

jeudi, 29 janvier 2015

Kinshasa (Agence Fides) – « L’approbation définitive de la loi électorale dans des termes différents de ceux dans lesquels elle avait été présentée par le gouvernement au Parlement est une victoire du peuple, en ce que sa voix est entrée dans le palais du pouvoir, a démasqué l’hypocrisie, le mensonge, l’astuce et la tromperie auxquels a recours la majorité présidentielle afin de se maintenir au pouvoir et elle a enfin déterminé, peut-être pour la première fois, les décisions du Parlement. Il est juste de rendre hommage aux victimes et de manifester notre solidarité aux personnes arrêtées ». C’est ce qu’affirme une note envoyée à l’Agence Fides par le Réseau Paix pour le Congo, relative à l’approbation définitive, le 25 janvier, de la part du Parlement de la République démocratique du Congo, du projet de révision de la loi électorale.
Le texte initialement approuvé par la Chambre puis modifié par le Sénat, qui prévoyait un nouveau recensement de la population avant de procéder à de nouvelles élections, avait suscité la protestation de la population. Au cours des incidents qui s’ensuivirent, au moins 40 personnes avaient trouvé la mort (voir Fides 24/01/2015).
Selon le Réseau Paix pour le Congo cependant, le texte approuvé cache encore des embûches : « L’article 8, comme modifié, ne lie plus les élections au recensement de la population et, par conséquent, réduit le risque du glissement des élections présidentielles de 2016, cependant, la suppression pure e simple du paragraphe 3, dans lequel les sénateurs entendaient coucher noir sur blanc l’obligation d’organiser les prochaines élections dans les délais prévus par la Constitution, ne résout rien, mais complique davantage les choses, car on n’a pas changé les articles qui s’i référaient » affirme la note.
Ce serait par exemple le cas de l’article 115, qui stipule que « le nombre de députés à l’Assemblée Nationale ainsi que celui de sièges par circonscription électorale sont fixés (…) en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population »". « C’est ainsi que l’organisation des prochaines élections législatives, prévues pour la fin de 2016, reste encore, de fait, conditionnée à la réalisation d’un recensement qui devrait commencer cette année » souligne la note.
Selon de nombreux analystes, ce recensement pourrait prendre jusqu’à trois ans. Les raisons : la taille du pays, le manque d’infrastructures et la faiblesse de l’autorité de l’Etat dans l’est du pays, déchiré par des conflits armés depuis plus de vingt ans. « L’on a ici les prémisses d’un report des élections législatives. En outre, si les élections législatives se tenaient en même temps que l’élection présidentielle, comme l’a expliqué la Commission électorale, on assistera au glissement aussi de la présidentielle, sauf si on pouvait trouver une alternative ». En somme, la crainte que le Président Joseph Kabila se maintienne au pouvoir après l’échéance de son second mandat, en 2016, demeure et pourrait susciter de nouvelles protestations populaires. (L.M.) (Agence Fides 29/01/2015)


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