ASIE/PAKISTAN - Demande d’institution d’un Conseil national pour les droits des minorités de la part de la Cour suprême, une décision historique

mardi, 24 juin 2014

Lahore (Agence Fides) – Une lueur d’espoir brille pour les minorités au Pakistan : au travers d’une décision historique, la Cour suprême a ordonné au gouvernement d’instituer un « Conseil national pour les droits des minorités », organisme d’Etat indépendant qui agira comme un observatoire, surveillant la condition des minorités ethniques et religieuses ainsi que les cas de violence et de discrimination. La décision est arrivée par le biais d’une mesure « motu proprio » du Président de la Cour Suprême, Tasaduq Hussain Jillani, après une procédure entamée au lendemain de l’attentat contre l’église anglicane de Peshawar en septembre 2013 dans le cadre duquel 81 chrétiens avaient trouvé la mort et de nombreux autres avaient été blessés grièvement. Le nouvel organisme aura la mission de garantir l’harmonie religieuse et de protéger la dignité et les prérogatives des membres des minorités religieuses. Au sein de la décision – qui compte 32 pages – il est pris position contre « les discours de haine propagés dans les réseaux sociaux » et contre « les abus perpétrés à l’encontre des enfants à cause de leur foi ». La Cour exprime ses regrets en ce que « les dispositions constitutionnelles relatives à la sauvegarde des droits des minorités n’ont pas été respectées au Pakistan » et ordonne à l’exécutif de constituer une « task force » spéciale pour protéger les lieux de culte des minorités religieuses.
Dans un entretien accordé à Fides, le laïc catholique Cecil Shane Chaudhry, Directeur exécutif de la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale du Pakistan, accueille favorablement la démarche comme « une décision historique dans l’histoire judiciaire du Pakistan » attendu que « jamais personne jusqu’alors n’avait parlé aussi clairement sur cette question ». Chaudhry espère « une application pratique immédiate de la mesure de la Cour ».
« Il s’agit d’une journée historique pour les chrétiens et les autres minorités religieuses qui, depuis des années, demandaient aux différents gouvernements d’instituer une commission indépendante afin de sauvegarder leurs droits » remarque pour Fides Nasir Saeed, coordinateur de l’ONG CLAAS, engagée en faveur des chrétiens au Pakistan. « Espérons que le gouvernement pakistanais ouvrira les yeux face à la souffrance des minorités et adoptera des mesures concrètes, faisant en sorte que les minorités puissent vivre dans le pays sans crainte de persécutions ».
Kashif Aslam, de la Commission Justice et Paix, expliquant à Fides que « l’intervention du Président de la Cour Suprême restitue force à l’Etat de droit », rappelle la procédure qui a porté à la demande d’institution du Conseil. Dix mois en arrière, l’avocat chrétien Saleem Michael avait envoyé une lettre au Président de la Cour Suprême, Tasaduq Hussain Villani, qui a voulu approfondir les faits. En mai dernier, Jillani indiqua que la Cour Suprême aurait demandé au gouvernement de former « une force spéciale pour garantir la sécurité des minorités », invitant les responsables des minorités à lui fournir des indications écrites. « Sont parvenues sur son bureau – raconte Kashif Aslam – des questions telles que les préjudices à l’encontre des minorités présents dans les manuels scolaires, les mariages forcés et les conversions de membres des minorités ainsi que les profanations des lieux de culte. Le juge a estimé que de telles questions devaient être affrontées de manière spécifique afin de respecter le texte constitutionnel. D’où la demande d’institution du nouveau Conseil ». (PA-KA) (Agence Fides 24/06/2014)


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