AFRIQUE / COTE-D’IVOIRE - Des milliers de réfugiés sur la ligne de démarcation entre rebelles et forces gouvernementales : seuls les missionnaires leur viennent en aide

mercredi, 2 février 2005

Bahiakro (Agence Fides) - « Il est facile de décrire la situation ivoirienne d’impasse, en étant assis confortablement aux assises internationales ; mais il est plus difficile de le faire quand on est face au regard apeuré de milliers de femmes contraintes de fuir pour ne pas subir des violences » déclare à l’agence Fides un missionnaire de Bahiakro, dans la région centre nord du Pays. Bahiakro se trouve précisément sur la ligne de démarcation entre la région contrôlée par les militaires gouvernementaux et le nord aux mains des rebelles des Forces Nouvelles.
« Notre paroisse se trouve dans la région gouvernementale, mais la Mission comprend aussi la localité qui se trouve dans la région rebelle. Là, les rebelles ont chassé la population civile qui a trouvé refuge dans la région gouvernementale. Les gens ont fui avec les habits qu’ils portaient. Les rebelles ont emporté le peu qu’ils avaient dans leurs pauvres maisons. Ils sont arrivés avec des camions qui ont emporté le butin au Mali et au Burkina Faso pour le vendre sur les marchés locaux. Les réfugiés sont en grande partie des femmes et des enfants. Les femmes ont fui pour défendre leur propre corps, comme elles me l’ont déclaré. Les plus jeunes sont contraintes ‘d’épouser’ un rebelle, et les plus âgées sont employées comme souillons. Les enfants sont enlevés et les familles sont contraintes de payer une rançon pour le ravoir vivant, autrement il est tué sans pitié ».
« Ces violences se produisent dans la région où sont présents les militaires de la force de paix internationale. Malheureusement, ils ne parviennent pas à défendre la population civile. Dans la région rebelle, règnent l’anarchie et la loi du plus fort. La criminalité a augmenté aussi parce que les rebelles ont libéré les détenus de droit commun des prisons sous leur contrôle », déclare le missionnaire.
Depuis le mois de septembre 2002, la Côte-d’Ivoire est divisée en deux : tout le nord est aux mains des Forces Nouvelles. « Nous étions parvenus à régler enfin la vague de réfugiés de 2002, en leur donnant un travail, et nous nous sommes trouvés face à une nouvelle vague de réfugiés à cause des affrontements du mois de novembre 2004 », déclare le missionnaire. « Ces personnes sont privées de tout et les organisations humanitaires internationales envoient tous les deux mois un peu de riz ». L’aide aux réfugiés de Bahiakro et des régions voisines est assurée en grande partie par les missionnaires. « C’est dur, mais nous sommes tout de même parvenus à assurer l’école aux enfants réfugiés » déclare le missionnaire. (L.M.)
(Agence Fides, 2 février 2005, 33 lignes, 456 mots)


Partager: