Abidjan (Agence Fides) - C’est un pays toujours plus divisé, dans laquelle la paix n’arrive pas à s’imposer. C’est ainsi qu’apparaît la Côte-d’Ivoire deux ans après la signature des accords de Marcoussis en France au mois de janvier 2003 ; on y avait souscrit les accords pour mettre fin à la guerre civile éclaté au mois de septembre 2002. Depuis lors, le pays est divisé en deux parties, dont une, le nord-ouest est aux mains d’une série de groupes rebelles qui se sont réunis sous le sigle « Forces Neuves ».
« Tous déclarent qu’ils veulent respecter les accords de Marcoussis et d’Accra au Ghana, du mois de juillet de l’an passé », déclare à l’Agence Fide une source de l’Eglise de Bouaké, la « capitale » de la région contrôlée par les rebelles des Forces Neuves dans le nord du pays. « Le Président Laurent Gbagbo déclare qu’il a respecté les engagements pris et qu’il revient à présent aux rebelles de désarmer. Les rebelles répondent que le désarmement est impossible pour le moment et que si le Président Gbagbo le veut, il ne peut l’imposer que par la force ».
« Les partis de l’opposition et les rebelles accusent en outre le Président d’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, chargé par l’Union Africaine de servir de médiateur dans la crise ivoirienne, d’être trop proche des positions du Président Gbagbo, et de soutenir en particulier la demande du Président ivoirien de prescrire un référendum pour approuver les modifications apportées à l’article 35 de la Constitution ». Sur la base de la formulation de l’article 35, peut être élu Chef de l’Etat un citoyen ivoirien qui a au moins un parent de nationalité ivoirienne. Auparavant, en revanche, les deux parents devaient avoir la citoyenneté ivoirienne. « Dans un pays où il y a une forte concentration d’immigrés, et où, pendant des années, des hommes politiques ont promu le concept d’appartenance ivoirienne pour arriver au pouvoir, la nouvelle formulation de l’article 35 est un pas important pour la réconciliation nationale, disent nos sources. Mais, le soumettre à un référendum, déclarent les opposants du Président, signifie diviser le pays ».
« En réalité, la Côte-d’Ivoire apparaît toujours plus divisée. Ces divisions se font même sentir dans les communautés religieuses. Les musulmans, dans la région contrôlée par les rebelles, célèbrent la Fête du Sacrifice ; ceux qui résident dans la région gouvernementale l’ont célébrée le jour précédent. Tout cela parce que les autorités civiles n’ont pas voulu reconnaître l’autorité du Grand Muphti d’Abidjan, qui avait fixé la date du 21 comme jour de la fête. Malheureusement, au nord, la parole sécession n’est plus taboue, et certains la prononcent de plus en plus ».
Un des points les plus importants des accords de Marcoussis concerne la formation du gouvernement d’unité nationale, auquel participent des représentants du parti du Président, de l’opposition et des rebelles. « Les travaux de l’exécutif sont de fait compromis parce que, depuis des mois, les Ministres de l’opposition et des rebelles ne participent pas au Conseil des Ministres. Tous les partis ne pensent désormais qu’aux prochaines échéances électorales. Le 22 octobre prochain marque en effet la fin du mandat du Président Gbagbo, et la lutte pour sa succession risque d’augmenter les divisions du pays ». (L.M.)
(Agence Fides, 21 janvier 2005, 40 lignes, 559 mots)