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Cologne (Agence Fides) - "Depuis seize ans je suis ici à Cologne, et je suis curé de la communauté italienne. En ville, à Cologne, il y a près de vingt mille italiens, et dans le cadre de la mission près de trente-cinq mille. Le phénomène de l’émigration italienne en Allemagne est un phénomène peu connu en Italie : on ne pense aujourd’hui qu’aux immigrés qui arrivent en Italie, et peu savent qu’il existe un canal de migration continu entre l’Allemagne et le Sud de l’Italie. Il y a environ 50.000 personnes qui vont et viennent entre l’Allemagne et l’Italie, en fonction des circonstances économiques, des crises des différents pays.
J’ai l’impression que ce phénomène est déterminé pratiquement par un certain sous-développement du Sud de l’Italie, mais aussi par la présence de la mafia, qui domine des régions entières du Sud. C’est une immigration, justement parce qu’elle est très mobile, qui a de grosses difficultés à s’insérer ici en Allemagne. L’un des problèmes de l’insertion est l’école, ce dont les allemands se sont aussi aperçus : le système allemand en effet opère une sélection très précoce, et après seulement quatre ans, le curriculum scolaire est déjà choisi. Dans ce domaine la mission italienne, puis l’archidiocèse et maintenant aussi la communauté, ont investi des forces importantes, grâce auxquelles il existe aujourd’hui une école italienne considérée comme un élément très important pour l’intégration de la communauté. Le danger est que la communauté italienne s’intègre en Allemagne, mais à un niveau bas, dans la tranche du sous-prolétariat. Ce phénomène est désormais mondial, et concerne surtout l’émigration des pays pauvres vers les pays riches.
Des masses de personnes arrivent en Europe, venant de l’Afrique, de l’Est, de l’Amérique Latine ; dans ce cadre, le phénomène migratoire entre le Sud de l’Italie et l’Allemagne forme un créneau très particulier. L’Italie reçoit de nombreux étrangers, on parle de millions, et en même temps les italiens continuent à aller à l’étranger. Beaucoup d’entre eux arrivent ici en Allemagne, et ont besoin d’aide : alors qu’en Italie on parle toujours d’italiens diffusant le made in Italy, on parle ici d’une communauté qui a besoin d’aide.
La Mission catholique italienne s’est dès le début beaucoup intéressée à l’école et a donné naissance à des cours du soirs pour les italiens. En effet les jeunes qui arrivent ici n’ont pas terminé les écoles magistrales ou professionnelles, or une communauté, pour se développer, a besoin d’une élite, ce que seule l’école peut créer. Comme je disais, l’école est un problème pour la communauté italienne car curieusement les italiens, parmi toutes les communautés étrangères présentes en Allemagne, sont ceux qui ont le taux le plus bas de réussites scolaires.
Cela nous montre d’autre part que l’immigration en Europe n’est pas seulement un problème social, mais est aussi, fondamentalement, un problème culturel, d’identité. C’est pourquoi l’école est un élément fondamental, et ceux qui n’ont pas fait l’expérience de la migration ne se rendent peut-être pas compte de ce que signifie vivre dans un territoire qui parle une langue qui n’est pas la sienne. Même si on est né ici et qu’on parle l’allemand mieux que l’italien, mais que chez soi on entend parler en dialecte, plus qu’un bilinguisme on risque un bi-analphabétisme. C’est l’un des thèmes qui occupe beaucoup les forces les plus vives de la communauté italienne ainsi que la Mission catholique elle-même." (De Cologne, Luca de Mata) (Agence Fides 22/12/2008 Lignes 45 Mots 640)
