VATICAN - Visite pastorale du Pape Benoît XVI à Cagliari (4) - « La famille, la formation et la foi. Voilà, chers jeunes de Cagliari et de toute la Sardaigne, moi aussi, comme le Pape Jean Paul II, je vous laisse ces trois paroles, trois valeurs à faire vôtres avec la lumière et la force de l’Esprit du Christ »

jeudi, 11 septembre 2008

Rome (Agence Fides) – La dernière rencontre pastorale du Pape Benoît XVI en Sardaigne a été réservée aux jeunes sardes. Sur la Place Yenne, après les saluts apportés par deux représentants des jeunes, qui ont exposé les problèmes et les espérances des jeunes de leur âge, le Saint-Père a déclaré : « Chers jeunes gens et chères jeunes filles, vous représentez l’avenir plein d’espérance de cette Région, malgré les difficultés que nous connaissons tous. Je connais votre enthousiasme, les désirs que vous nourrissez, et les efforts que vous faites pour les réaliser. Et je n’ignore pas les difficultés et les problèmes que vous rencontrez ». Parmi eux, le Saint-Père a cité la plaie du chômage et la précarité du travail, l’émigration, l’exode des forces les plus fraiches et entreprenantes, avec le déracinement du milieu qui en découle, et qui comprend aussi des dégâts psychologiques et moraux, avant même ceux qui sont d’ordre social.
« Que dire ensuite du fait que, dans la société actuelle de consommation, le gain et le succès sont devenus les nouvelles idoles devant lesquelles se prosternent tant de gens ? … La possession des biens matériels et les applaudissements des gens ont remplacé cette activité sur soi-même qui sert à tremper l’esprit et à former une personnalité authentique. On risque d’être superficiels, de parcourir des raccourcis dangereux à la recherche du succès, en remettant ainsi sa vie à des expériences qui suscitent des satisfactions immédiates, mais qui sont, en elles-mêmes, précaires et fallacieuses ».
Le Saint-Père a rappelé ensuite la rencontre de son Prédécesseur, le Pape Jean Paul II, avec les jeunes venus de toute la Sardaigne, le 20 octobre 1085. « Ce sont des indications, combien actuelles aujourd’hui encore, que je reprends volontiers… Vous expérimentez tous l’importance de la famille, comme enfants et comme frères ; mais la capacité de former une nouvelle famille, ne peut être donnée pour escomptée. Il faut s’y préparer. Dans le passé, la société traditionnelle était beaucoup plus apte à former et à garder une famille. Il n’en est plus ainsi aujourd’hui, ou alors, elle l’est sur le ‘papier’, mais, dans les faits, domine une mentalité différente. On admet d’autres formes de vie en commun, on utilise parfois même le terme de ‘famille’ pour des unions qui, en réalité ne sont pas une famille. Et surtout, dans notre contexte, la capacité des époux à défendre l’unité du noyau familial au prix de grands sacrifices, s’est réduite de beaucoup ». Le Saint-Père a alors invité les jeunes à retrouver la valeur de la famille : « Aimez-la, non seulement par tradition, mais par un choix mûr et conscient ; aimez votre famille d’origine, et préparez-vous à aimer aussi celle que, avec l’aide de Dieu, vous formerez vous-mêmes »/
La deuxième valeur comprend une sérieuse formation intellectuelle et morale, indispensable pour faire des projets et pour construire son avenir personnel et celui de la société. « Ceux qui font des ‘remises’ sur cela, ne veulent pas votre bien… La crise d’une société commence quand on ne sait plus transmettre son patrimoine culturel et ses valeurs fondamentales aux nouvelles générations ». Le Souverain Pontife a parlé à nouveau de “l’urgence éducative actuelle, qui pour être affrontée requiert des parents et des formateurs capables de partager tout ce qu’ils ont expérimenté de bon, et tout ce qu’ils ont approfondi personnellement. Cela nécessite des jeunes ouverts intérieurement, curieux d’apprendre et de ramener tout aux exigences et aux évidences premières du cœur… Soyez vraiment libres, c’est-à-dire passionnés par la vérité… Le Seigneur Jésus a déclaré :’La vérité vous fera libres’ (Jean 8,32). Le nihilisme moderne, en revanche, prêche l’opposé, c’est-à-dire que c’est la liberté qui vous rend vrais. Il y a même ceux qui soutiennent qu’il n’existe aucune vérité, ouvrant ainsi la voie pour vider de leur contenu les concepts de bien et de mal, et en les rendant même échangeables ».
Enfin, la nourriture dont on doit être affamé, dont on doit se nourrir pour sa croissance personnelle et pour celle de la famille et de la société – et c’est la troisième grande valeur – c’est une foi sincère et profonde. « Quand on perd le sens de la présence et de la réalité de Dieu, tout ‘s’aplatit’ et se réduit à une seule dimension. Tout reste ‘écrasé’ au plan matériel. Quand chaque chose n’est considérée qu’en raison de son utilité, on ne saisit plus l’essence de ce qui nous entoure, et surtout des personnes que nous rencontrons. Quand on a perdu le sens de Dieu, on perd aussi le mystère de tout ce qui existe : les choses et les personnes ne m’intéressent que dans la mesure où elles satisfont mes besoins, et non point pour elles-mêmes. Tout cela constitue un fait culturel, que l’on respire dès la naissance, et qui produit des effets intérieurs permanents. La foi, en ce sens, avant d’être une croyance religieuse, est une manière de voir la réalité, une manière de penser, une sensibilité intérieure qui enrichit l’être humain en tant que tel ».
Citant l’expérience de Saint Augustin, le Saint-Père a souhaité que chacun puisse « redécouvrit Dieu comme sens et fondement de toute créature » ; il a invité les jeunes à être dociles à la force de l’Esprit : « Il vous rendra témoins du Christ. Non pas en paroles, mais dans les faits, avec un nouveau genre de vie… Et si vous avez réellement découvert Dieu dans le visage du Christ, vous ne penserez plus à l’Eglise comme étant une institution extérieure à vous, mais comme votre famille spirituelle, comme nous la vivons en ce moment, maintenant ».
Puis, le Saint-Père a terminé cette rencontre avec les jeunes en ces termes : « La famille, la formation et la foi. Voilà, chers jeunes de Cagliari et de toute la Sardaigne, moi aussi, comme le Pape Jean Paul II, je vous laisse ces trois paroles, trois valeurs à faire vôtres avec la lumière et la force de l’Esprit du Christ. Que Notre-Dame de Bonaria, Patronne Principale et douce Reine des Sardes, vous guide, vous protège et vous accompagne toujours ! ».
Puis, le Saint-Père s’est rendu à l’aéroport de Cagliari pour rentrer à Rome. (S.L.)
(Agence Fides, 9 septembre 2008)


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