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Pikit (Agence Fides) - Le conflit de Mindanao n’est pas une guerre de religion entre chrétiens et musulmans. C’est ce qu’affirme, dans un témoignage envoyé à l’Agence Fides, le Père Robert Layson, Missionnaire des Oblats de Marie Immaculée, curé à Pikit, dans la province de Nord de Cotabato à Mindanao, et responsable du Dialogue Inter-religieux des OMI aux Philippines.
Le Père Layson a commenté l’épisode du sacrifice de Abubakar Salip Iston, musulman tué pour avoir essayé de protéger Rachel Ann Gujit, une fillette chrétienne enlevée par des malfaiteurs, sur l’île de Jolo le 19 février dernier, et libérée le 9 mars grâce à une action des forces armées des Philippines.
Salip Iston a été tué d’un coup de feu à la tête, et a laissé son épouse et un fils de 10 ans. A présent, la communauté chrétienne a exprimé son intention d’aider à vivre sa famille.
Le Père Layson déclare : « Un musulman est mort pour sauver une enfant chrétienne. La vérité, c’est qu’il existe de nombreuses histoires où musulmans et chrétiens ont cherché à s’aider réciproquement, maintenant comme dans le passé. Pendant la deuxième guerre mondiale, la population chrétienne de Pikit a trouvé refuge et accueil sur le territoire de Liguasa, région à majorité musulmane, pour fuir les attaques japonaises. Il y a de nombreux témoignages d’amitié islamo-chrétienne. Pour en revenir au présent, au mois de février dernier, les musulmans de cette même région ont trouvé refuge dans des régions à majorité chrétienne, après les affrontements entre le gouvernement et les rebelles dans la région de Bulik. L’Eglise s’est occupée de milliers de réfugiés musulmans, et beaucoup d’entre eux avaient les larmes aux yeux quand ils ont quitté leur endroit d’accueil, et quand ils ont salué les volontaires chrétiens qui les ont aidés ».
La vie des chrétiens, des musulmans et de indigènes Lumads sont étroitement liées : c’est là la réalité de Mindanao. C’est peut-être quand les hommes commenceront à se regarder comme frères et sœurs, que Mindanao connaîtra la paix authentique. Alors, la mort de Abubakar Salip Iston n’aura pas été inutile ».
Actuellement, un autre chrétien, Ramon Enoperio se trouve dans les mains de bandes de ravisseurs. Les enlèvements, dans un but d’extorsion, en particulier contre le personnel religieux et des hommes d’affaires occidentaux, sont très fréquents à Jolo, bastion du groupe terroriste Abu Sayyaf. Au mois de mais 2001, des missionnaires protestants américains furent enlevés ; après une longue détention Martin Burnham fut tué, et son épouse Gracia fut libérée. En 1997, Mgr Benjamin de Jesus, Vicaire Apostolique de Jolo, fut assassiné devant la cathédrale. (P.A.)
(Agence Fides, 15 mars 2004, 36 lignes, 475 mots)
