VATICAN - Le Pape Benoît XVI consacre sa catéchèse à Saint Colomban: « A juste titre il peut être appelé un Saint ‘européen’, parce que, comme moine, comme missionnaire, et comme écrivain, il a travaillé dans plusieurs Pays de l’Europe Occidentale »

jeudi, 12 juin 2008

Rome (Agence Fides) – Le Pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse de l’audience générale de ce mercredi 11 juin « au saint Abbé Colomban, l’Irlandais le plus connu de la première partie du Moyen Age. A juste titre il peut être appelé un Saint ‘européen’, parce que, comme moine, comme missionnaire, et comme écrivain, il a travaillé dans plusieurs Pays de l’Europe Occidentale… Avec les Irlandais de son époque, il était conscient de l’unité culturelle de l’Europe ».
Colomban est né vers l’an 545 dans la Province de Leinster dans le sud-est de l’Irlande. A l’âge de vingt ans environ, il entra au monastère de Bangor dans la partie nord-est de l’île, où il mena « une vie de prière, d’ascèse et d’étude », et où il fut ordonné prêtre. A l’âge de 50 ans environ, Colomban quitta l’île pour entreprendre avec douze compagnons une œuvre missionnaire dans le continent européen. « Nous devons en effet nous souvenir que la migration des peuples, du nord et de l’est, avait fait retomber dans la paganisme des Régions entières déjà christianisées ». Aux environs de 590, Colomban et ses compagnons débarquèrent sur la côte bretonne, accueillis avec bienveillance par le Roi des Francs d’Austrasie (la France actuelle), qui lui accorda l’ancienne forteresse romaine de Annegray, en ruines et abandonnée. Après avoir construit sur ces ruines le premier ermitage, les moines commencèrent l’œuvre de ré-évangélisation.
« La renommée de ces religieux étrangers qui, en vivant de prière et dans une grande austérité, construisaient des maisons et défrichaient la terre, se répandit rapidement en attirant des pèlerins et des repentis. De nombreux jeunes surtout, demandaient d’être accueillis dans la communauté monastique pour vivre, comme eux, cette vie exemplaire qui renouvelait la culture de la terre et des âmes ». Un deuxième monastère fut construit ensuite à Luxeuil, qui deviendrait par la suite le centre de l’irradiation monastique et missionnaire de tradition irlandaise sur le Continent européen. Un troisième monastère fut enfin érigé à Fontaine.
A Luxeuil, Colomban vécut pendant près de vingt ans, et c’est là qu’il écrivit ses œuvres les plus importantes : la « Regula monachorum », qui trace l’image idéale du moine ; la « Regula coenobialis », une sorte de code pénal pour les infractions des moines, avec des punitions surprenantes pour la sensibilité moderne ; puis « De poenitentiarum misura taxanda », avec laquelle il introduisit dans le Continent la Confession et la pénitences privées et répétées, dite pénitence « tarifée » avec une proportion établie entre la gravité du péché et le type de pénitence imposée par le confesseur. « Ces nouveautés suscitèrent la suspicion des Evêques de la région, une suspicion qui se transforma en hostilité quand Colomban eut le courage de leur adresser ouvertement des reproches en raison des coutumes de plusieurs d’entre eux »
Intransigeant sur les questions morales, Colomban entra en conflit avec le Roi Théodoric, auquel il avait reproché ses relations adultères. Il décréta en 610 l’expulsion, de Luxeuil, de Colomban et de tous les moines d’origine irlandaise. Mais l’embarcation qui devait les conduire en Irlande s’échoua à peu de distance de la plage, et le capitaine renonça à l’entreprise, par crainte d’être maudit par Dieu, et il ramena les moines sur la terre ferme. Ils commencèrent une nouvelle œuvre d’évangélisation. Ils remontèrent le Rhin, et, après une première étape à Tuggen, près du lac de Zurich, ils se rendirent dans la région de Bregenz près du Lac de Constance, pour évangéliser les Alémans. Mais, peu de temps après, Colomban, en raison de circonstances politiques peu favorables à son œuvre, décida de traverser les Alpes avec la plus grande partie de ses disciples. Il ne resta là qu’un seul moine, du nom de Gallus ; c’est de son ermitage que se serait développée la célèbre Abbaye de Saint-Gall en Suisse.
« Arrivé en Italie, Colomban trouva un accueil bienveillant auprès de la Cour Royale lombarde ; mais il dut affronter aussitôt des difficultés importantes : la vie de l’Eglise était déchirée par l’hérésie arienne toujours prédominante chez les Lombards, et par un schisme qui avait détaché la plus grande partie de l’Eglise de l’Italie septentrionale, de la communion avec l’Evêque de Rome. Colomban s’engagea avec autorité dans ce contexte, en écrivant un libelle contra l’arianisme, et une lettre à Boniface IV pour le convaincre de s’engager sur la voie de l’unité ». Le Roi des Lombards, en 612 ou 613, lui accorda un terrain à Bobbio, où Colomban, fonda un nouveau monastère qui deviendrait par la suite un centre de culture comparable à celui du Mont Cassin (Montecassino), et où il mourut le 23 novembre 615.
« Le message de saint Colomban se concentre dans un rappel ferme à la conversion et au détachement des biens terrestres, en vue de l’héritage éternel. Son austérité, toutefois, n’est jamais une fin en elle-même, mais elle est seulement un moyen pour s’ouvrir librement à l’amour de Dieu, et pour correspondre de tout son être aux dons reçus de Lui, en reconstruisant ainsi en soi l’image de Dieu, et en même temps, en défrichant la terre et en renouvelant la société humaine ».
Homme de grande culture, Colomban fut « un constructeur infatigable de monastères, mais aussi un prédicateur intransigeant de la pénitence, en dépensant toute son énergie pour nourrir les racines chrétiennes de l’Europe qui était en train de naître. Avec son énergie spirituelle, avec sa foi, avec son amour pour Dieu et pour le prochain, il devint réellement un des Pères de l’Europe : il nous montre aujourd’hui encore, où se trouvent les racines dont notre Europe a pu naître ». (S.L.)
(Agence Fides, 12 juin 2008-06-12


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